Sourate Al-Jinn (n°72) Les Djins

Sourate Al-Jinn (n°72)

Nom de la sourate

"Al-Jinn" est le nom de cette sourate ainsi que le titre de son sujet principal, car elle relate en détail l'événement où les djinns ont entendu le Coran et sont retournés vers leur peuple pour leur prêcher l'Islam.

Période de révélation

Selon une tradition rapportée dans Bukhari et Muslim, sur l'autorité de Hadrat Abdullah bin Abbas, une fois le Saint Prophète (que la paix soit sur lui) se rendait à la foire d'Ukaz avec certains de ses Compagnons. Sur le chemin, il a dirigé la prière du Fajr à Nakhlah. À ce moment-là, un groupe de djinns passait par là. Lorsqu'ils ont entendu la récitation du Coran, ils se sont attardés et l'ont écouté attentivement. C'est précisément cet événement qui est décrit dans cette sourate.

La plupart des commentateurs, sur la base de cette tradition, croient que cela fait référence au célèbre voyage du Saint Prophète à Taif, qui avait eu lieu trois ans avant l'Hégire, dans la 10e année de la prophétie. Mais ce n'est pas correct pour plusieurs raisons. L'écoute du Coran par les djinns pendant le voyage à Taif a été relatée dans Al-Ahqaf 29-32. Une lecture rapide de ces versets montre que les djinns qui avaient cru après avoir entendu le Coran à cette occasion étaient déjà croyants au Prophète Moïse et aux écritures précédentes. Au contraire, les versets 2 à 7 de cette sourate montrent clairement que les djinns qui ont entendu le Coran à cette occasion étaient polythéistes et niaient l'Au-delà et la Prophétie.

De plus, il est historiquement confirmé que lors de son voyage à Taif, personne n'a accompagné le Saint Prophète à part Hadrat Zaid bin Harithah. Au contraire, concernant ce voyage, Ibn Abbas dit que le Saint Prophète (que la paix soit sur lui) était accompagné de certains de ses Compagnons. En outre, les traditions s'accordent aussi sur le fait que lors de ce voyage, les djinns ont entendu le Coran lorsque le Saint Prophète s'était arrêté à Nakhlah sur le chemin du retour de Taif à la Mecque, et dans ce voyage, selon les traditions d'Ibn Abbas, l'événement de l'écoute du Coran par les djinns s'est produit lorsque le Saint Prophète se rendait à Ukaz depuis la Mecque.

Par conséquent, au vu de ces raisons, ce qui semble correct, c'est que dans la sourate Al-Ahqaf et la sourate Al-Jinn, ce n'est pas un seul et même événement qui a été raconté, mais il s'agissait de deux événements distincts, qui ont eu lieu lors de deux voyages différents.

En ce qui concerne la sourate Al-Ahqaf, il est convenu que l'événement qui y est mentionné s'est produit lors du voyage de retour de Taif dans la 10e année de la prophétie. Quant à la question de savoir quand ce second événement a eu lieu, la tradition d'Ibn Abbas n'y répond pas, et aucune autre tradition historique ne montre quand le Saint Prophète s'était rendu à la foire d'Ukaz avec certains de ses Compagnons.

Cependant, une brève analyse des versets 8 à 10 de cette sourate montre que cela ne pouvait être qu'un événement du tout début de la prophétie. Dans ces versets, il est dit qu'avant la nomination du Saint Prophète (que la paix soit sur lui) à la Mission Divine, les djinns avaient l'une ou l'autre occasion d'écouter furtivement dans les cieux pour entendre des nouvelles de l'invisible, mais qu'après cela, ils ont soudainement constaté que des anges avaient été placés comme gardes et que des météorites étaient tirées de tous les côtés, de sorte qu'ils ne pouvaient trouver aucun endroit sûr d'où ils pouvaient entendre les nouvelles secrètes.

Sur ce, ils s'étaient mis à chercher la chose inhabituelle qui s'était produite sur terre, ou qui allait se produire, à cause de laquelle les mesures de sécurité avaient été renforcées. Probablement que depuis lors, de nombreux groupes de djinns devaient se déplacer à la recherche de l'événement inhabituel et l'un d'eux, après avoir entendu le Coran du Saint Prophète (que la paix soit sur lui), a dû se faire l'opinion que c'était précisément la chose pour laquelle toutes les portes des cieux avaient été fermées aux djinns.

Lire la sourate Al-Jinn en français

Versets
en arabe

بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـٰنِ الرَّحِيمِ Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

قُلْ أُوحِيَ إِلَيَّ أَنَّهُ اسْتَمَعَ نَفَرٌ مِّنَ الْجِنِّ فَقَالُوا إِنَّا سَمِعْنَا قُرْآنًا عَجَبًا

1/

Dis : « Il m’a été révélé qu’un groupe de djinns, après m’avoir écouté réciter le Coran, ont affirmé[1484] : “Nous avons entendu une lecture étonnante

[1484] A leurs semblables, à leur retour auprès d’eux. Voir sourate 46, verset 29.

يَهْدِي إِلَى الرُّشْدِ فَآمَنَّا بِهِ ۖ وَلَن نُّشْرِكَ بِرَبِّنَا أَحَدًا

2/

propre à assurer notre salut et à laquelle nous avons cru. Nous n’associerons donc nulle divinité au culte de notre Seigneur !

وَأَنَّهُ تَعَالَىٰ جَدُّ رَبِّنَا مَا اتَّخَذَ صَاحِبَةً وَلَا وَلَدًا

3/

Notre Seigneur, exalté soit-Il, ne s’est donné ni compagne, ni enfant.

وَأَنَّهُ كَانَ يَقُولُ سَفِيهُنَا عَلَى اللَّهِ شَطَطًا

4/

Des insensés parmi nous[1485] proféraient simplement sur Allah d’infâmes mensonges.

[1485] Ou : Satan.

وَأَنَّا ظَنَنَّا أَن لَّن تَقُولَ الْإِنسُ وَالْجِنُّ عَلَى اللَّهِ كَذِبًا

5/

Nous pensions pourtant que ni les hommes ni les djinns ne pouvaient mentir sur Allah[1486].

[1486] En lui attribuant une compagne et des enfants.

وَأَنَّهُ كَانَ رِجَالٌ مِّنَ الْإِنسِ يَعُوذُونَ بِرِجَالٍ مِّنَ الْجِنِّ فَزَادُوهُمْ رَهَقًا

6/

Certains hommes imploraient la protection de certains djinns, ce qui ne fit qu’ajouter à leur rébellion[1487].

[1487] La rébellion et la transgression des djinns. Autre sens : ce qui ne fit qu’ajouter à l’égarement et à la terreur des hommes.

وَأَنَّهُمْ ظَنُّوا كَمَا ظَنَنتُمْ أَن لَّن يَبْعَثَ اللَّهُ أَحَدًا

7/

Comme vous, ils pensaient qu’Allah ne susciterait plus jamais de Messager[1488].

[1488] Ou : ne ressusciterait pas les morts.

وَأَنَّا لَمَسْنَا السَّمَاءَ فَوَجَدْنَاهَا مُلِئَتْ حَرَسًا شَدِيدًا وَشُهُبًا

8/

Mais, ayant tenté de nous approcher du ciel[1489], nous l’avons trouvé puissamment protégé par des gardiens[1490] et des météores.

[1489] Comme à notre habitude, afin d’écouter les secrets célestes. [1490] Les anges.

وَأَنَّا كُنَّا نَقْعُدُ مِنْهَا مَقَاعِدَ لِلسَّمْعِ ۖ فَمَن يَسْتَمِعِ الْآنَ يَجِدْ لَهُ شِهَابًا رَّصَدًا

9/

Nous pouvions auparavant[1491] y prendre place pour écouter les secrets célestes. Mais quiconque tente aujourd’hui de surprendre l’un de ces secrets doit affronter un météore prêt à le foudroyer.

[1491] Avant l’avènement du Prophète.

وَأَنَّا لَا نَدْرِي أَشَرٌّ أُرِيدَ بِمَن فِي الْأَرْضِ أَمْ أَرَادَ بِهِمْ رَبُّهُمْ رَشَدًا

10/

Nous ne savons pas si[1492] l’on veut du mal aux habitants de la terre ou si leur Seigneur leur veut simplement du bien.

[1492] Ces phénomènes sont le signe que.

وَأَنَّا مِنَّا الصَّالِحُونَ وَمِنَّا دُونَ ذَٰلِكَ ۖ كُنَّا طَرَائِقَ قِدَدًا

11/

Certains, parmi nous, sont vertueux tandis que d’autres le sont moins[1493]. Nous suivons en effet des voies divergentes.

[1493] Autre sens : sont éloignés de toute vertu.

وَأَنَّا ظَنَنَّا أَن لَّن نُّعْجِزَ اللَّهَ فِي الْأَرْضِ وَلَن نُّعْجِزَهُ هَرَبًا

12/

Nous savons à présent que nous ne pouvons nous opposer à la volonté d’Allah sur terre, ni Lui échapper.

وَأَنَّا لَمَّا سَمِعْنَا الْهُدَىٰ آمَنَّا بِهِ ۖ فَمَن يُؤْمِن بِرَبِّهِ فَلَا يَخَافُ بَخْسًا وَلَا رَهَقًا

13/

Lorsque nous avons entendu le message de vérité[1494], nous y avons cru. Or, quiconque croit en son Seigneur ne doit redouter ni d’être frustré[1495], ni d’être lésé[1496].

[1494] Le Coran. [1495] De ses bonnes actions. [1496] En se voyant ajouter des péchés qu’il n’a pas commis.

وَأَنَّا مِنَّا الْمُسْلِمُونَ وَمِنَّا الْقَاسِطُونَ ۖ فَمَنْ أَسْلَمَ فَأُولَـٰئِكَ تَحَرَّوْا رَشَدًا

14/

Certains, parmi nous, se sont soumis, tandis que d’autres se sont détournés du droit chemin. Ceux qui se sont soumis sont ceux qui étaient en quête de vérité.

وَأَمَّا الْقَاسِطُونَ فَكَانُوا لِجَهَنَّمَ حَطَبًا

15/

Quant à ceux qui se sont détournés, ils alimenteront le feu de la Géhenne”. »[1497]

[1497] Ici prend fin le long monologue des djinns révélé au Prophète.

وَأَن لَّوِ اسْتَقَامُوا عَلَى الطَّرِيقَةِ لَأَسْقَيْنَاهُم مَّاءً غَدَقًا

16/

Or, si les impies suivaient le droit chemin, Nous ne manquerions pas de les combler de Nos faveurs

لِّنَفْتِنَهُمْ فِيهِ ۚ وَمَن يُعْرِضْ عَن ذِكْرِ رَبِّهِ يَسْلُكْهُ عَذَابًا صَعَدًا

17/

afin de les mettre à l’épreuve. Mais quiconque se détourne du message de son Seigneur sera plongé dans d’insupportables tourments.

وَأَنَّ الْمَسَاجِدَ لِلَّهِ فَلَا تَدْعُوا مَعَ اللَّهِ أَحَدًا

18/

Les mosquées étant exclusivement consacrées au culte d’Allah, n’y vénérez nul autre que Lui.

وَأَنَّهُ لَمَّا قَامَ عَبْدُ اللَّهِ يَدْعُوهُ كَادُوا يَكُونُونَ عَلَيْهِ لِبَدًا

19/

Lorsque le serviteur d’Allah s’est levé pour L’invoquer, ils ont failli se jeter sur lui[1498].

[1498] Le pronom « ils » désigne ici soit les djinns, qui ont failli se jeter sur le Prophète afin de l’écouter réciter le Coran, soit les païens de la Mecque, qui ont failli l’agresser lorsqu’il s’est levé pour leur prêcher l’islam.

قُلْ إِنَّمَا أَدْعُو رَبِّي وَلَا أُشْرِكُ بِهِ أَحَدًا

20/

Dis : « Je voue un culte exclusif à mon Seigneur, sans associer d’autres que Lui à Son adoration. »

قُلْ إِنِّي لَا أَمْلِكُ لَكُمْ ضَرًّا وَلَا رَشَدًا

21/

Dis-leur : « Je ne peux ni vous préserver d’un mal, ni vous procurer un bien. »

قُلْ إِنِّي لَن يُجِيرَنِي مِنَ اللَّهِ أَحَدٌ وَلَنْ أَجِدَ مِن دُونِهِ مُلْتَحَدًا

22/

Dis : « Nul ne saurait me protéger du châtiment d’Allah[1499] et je ne pourrais moi-même trouver de refuge contre Ses rigueurs.

[1499] Si je Lui désobéissais.

إِلَّا بَلَاغًا مِّنَ اللَّهِ وَرِسَالَاتِهِ ۚ وَمَن يَعْصِ اللَّهَ وَرَسُولَهُ فَإِنَّ لَهُ نَارَ جَهَنَّمَ خَالِدِينَ فِيهَا أَبَدًا

23/

Je peux seulement vous transmettre le message qu’Allah m’a confié. Quiconque désobéira ensuite à Allah et Son Messager sera voué au feu de la Géhenne où il demeurera à jamais. »

حَتَّىٰ إِذَا رَأَوْا مَا يُوعَدُونَ فَسَيَعْلَمُونَ مَنْ أَضْعَفُ نَاصِرًا وَأَقَلُّ عَدَدًا

24/

Voyant le châtiment dont ils étaient menacés, les païens sauront alors qui dispose des soutiens les plus fragiles et des partisans les moins nombreux.

قُلْ إِنْ أَدْرِي أَقَرِيبٌ مَّا تُوعَدُونَ أَمْ يَجْعَلُ لَهُ رَبِّي أَمَدًا

25/

Dis-leur : « Je ne sais si le châtiment dont vous êtes menacés est imminent ou si mon Seigneur lui a assigné un terme plus éloigné. »

عَالِمُ الْغَيْبِ فَلَا يُظْهِرُ عَلَىٰ غَيْبِهِ أَحَدًا

26/

Lui seul connaît les mystères de l’univers qu’Il ne révèle à personne,

إِلَّا مَنِ ارْتَضَىٰ مِن رَّسُولٍ فَإِنَّهُ يَسْلُكُ مِن بَيْنِ يَدَيْهِ وَمِنْ خَلْفِهِ رَصَدًا

27/

hormis à ceux qu’Il choisit comme Messagers[1500], qu’Il place sous la protection vigilante d’anges gardiens postés devant et derrière eux[1501].

[1500] Auxquels Il dévoile une partie seulement des mystères à travers notamment la Révélation. [1501] Au moment où leur sont révélés ces mystères, précisent certains exégètes.

لِّيَعْلَمَ أَن قَدْ أَبْلَغُوا رِسَالَاتِ رَبِّهِمْ وَأَحَاطَ بِمَا لَدَيْهِمْ وَأَحْصَىٰ كُلَّ شَيْءٍ عَدَدًا

28/

Il sait ainsi que les prophètes ont bien transmis le message de leur Seigneur. Rien d’ailleurs de ce qui les concerne ne Lui échappe, Lui qui connaît dans le plus petit détail Sa Création.

Sourate suivante ›