Sourate Al-Moumtahanah (n°60) L'Éprouvée
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Nom de la sourate
Dans le verset 10 de cette sourate, il est ordonné que les femmes qui émigrent vers dar al-Islam (l'État Islamique) et prétendent être musulmanes, doivent être examinées, d'où le titre Al-Mumtahinah. Le mot se prononce à la fois comme mumtahinah et comme mumtahanah, le sens selon la première prononciation étant "la sourate qui examine", et selon la seconde, "la femme qui est examinée".
Période de révélation
La sourate traite de deux incidents, dont l'époque est bien connue historiquement. Le premier concerne Hadrat Hatib bin Abz Balta'a, qui, peu avant la conquête de La Mecque, avait envoyé une lettre secrète aux chefs Quraish les informant de l'intention du Prophète de les attaquer.
Le second concerne les femmes musulmanes, qui avaient commencé à émigrer de La Mecque vers Médine, après la conclusion de la trêve d'Hudaibiyah, et le problème s'est posé de savoir si elles devaient également être renvoyées aux mécréants, comme les hommes musulmans, selon les conditions de la trêve.
La mention de ces deux choses détermine absolument que cette sourate est descendue pendant l'intervalle entre la trêve d'Hudaibiyah et la conquête de La Mecque. En outre, il y a une troisième chose qui a également été mentionnée à la fin de la sourate : ce que le Prophète (que la paix d'Allah soit sur lui) devait faire promettre aux femmes lorsqu'elles venaient prêter serment d'allégeance devant lui en tant que croyantes.
À propos de cette partie également, on suppose qu'elle a été révélée quelque temps avant la conquête de La Mecque, car après cette conquête, un grand nombre de femmes Quraish, comme leurs hommes, allaient entrer dans l'Islam simultanément et devaient prêter serment d'allégeance collectivement.
Thème et sujets
Cette sourate comporte trois parties :
La première partie se compose des versets 1 à 9, et le verset 13 de conclusion s'y rapporte également. Dans celle-ci, une forte exception a été faite à l'acte de Hadrat Hatib bin Abi Balta'a qui avait tenté d'informer l'ennemi d'un très important secret de guerre du Prophète (que la paix d'Allah soit sur lui) dans le seul but de protéger sa famille. Cela aurait causé une grande effusion de sang lors de la conquête de La Mecque si cela n'avait pas été rendu inefficace à temps.
Cela aurait coûté aux musulmans de nombreuses vies précieuses ; de nombreux Quraish auraient été tués, qui allaient rendre de grands services à l'Islam par la suite ; les gains qui devaient découler de la conquête pacifique de La Mecque auraient été perdus, et toutes ces pertes graves n'auraient résulté que du fait qu'un des musulmans avait voulu protéger sa famille des dangers de la guerre.
En administrant un sévère avertissement à cette erreur, Allah a enseigné aux croyants la leçon qu'aucun croyant ne devrait, en aucune circonstance et pour aucun motif, avoir des relations d'amour et d'amitié avec les mécréants, qui sont activement hostiles à l'Islam, et un croyant devrait s'abstenir de tout ce qui pourrait leur être utile dans le conflit entre l'Islam et la mécréance.
Cependant, il n'y a aucun mal à traiter avec bonté et justice les mécréants qui ne sont pas pratiquement engagés dans des activités hostiles contre l'Islam et la persécution des musulmans.
La deuxième partie se compose des versets 10 et 11. Dans celle-ci, un problème social a été réglé, qui agitait les esprits à cette époque. Il y avait de nombreuses femmes musulmanes à La Mecque, dont les maris étaient païens, mais elles émigraient et arrivaient à Médine d'une manière ou d'une autre. De même, il y avait de nombreux hommes musulmans à Médine, dont les épouses étaient païennes et avaient été laissées à La Mecque.
La question s'est posée de savoir si le lien du mariage entre eux restait valable ou non. Allah a réglé ce problème pour toujours, en disant que le mari païen n'est pas licite pour la femme musulmane, ni l'épouse païenne licite pour le mari musulman. Cette décision entraîne des conséquences juridiques très importantes, que nous expliquerons dans nos notes ci-dessous.
La troisième section se compose du verset 12, dans lequel le Prophète (que la paix d'Allah soit sur lui) a reçu l'instruction de demander aux femmes qui acceptent l'Islam de s'engager à s'abstenir des grands maux qui étaient répandus parmi les femmes de la société arabe préIslamique, et de promettre qu'elles suivraient désormais les voies de la bonté que le Messager d'Allah pourrait prescrire.
Lire la sourate Al-Moumtahanah en français
en arabe
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـٰنِ الرَّحِيمِ Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَّخِذُوا عَدُوِّي وَعَدُوَّكُمْ أَوْلِيَاءَ تُلْقُونَ إِلَيْهِم بِالْمَوَدَّةِ وَقَدْ كَفَرُوا بِمَا جَاءَكُم مِّنَ الْحَقِّ يُخْرِجُونَ الرَّسُولَ وَإِيَّاكُمْ ۙ أَن تُؤْمِنُوا بِاللَّهِ رَبِّكُمْ إِن كُنتُمْ خَرَجْتُمْ جِهَادًا فِي سَبِيلِي وَابْتِغَاءَ مَرْضَاتِي ۚ تُسِرُّونَ إِلَيْهِم بِالْمَوَدَّةِ وَأَنَا أَعْلَمُ بِمَا أَخْفَيْتُمْ وَمَا أَعْلَنتُمْ ۚ وَمَن يَفْعَلْهُ مِنكُمْ فَقَدْ ضَلَّ سَوَاءَ السَّبِيلِ
1/Vous qui croyez ! Ne vous liez pas à Mes ennemis, qui sont également les vôtres, leur offrant votre amitié alors qu’ils ont renié la vérité qui vous a été apportée et forcé le Messager et vous-mêmes à l’exil, vous reprochant uniquement de croire en Allah, votre Seigneur. Si vraiment vous avez émigré pour Ma cause et pour obtenir Mon agrément, ne leur donnez pas secrètement des marques d’amitié[1418]. Je connais, en effet, aussi bien ce que vous dissimulez que ce que vous exprimez. Quiconque, parmi vous, agirait ainsi s’écarterait du droit chemin.
[1418] Notamment en leur livrant par amitié des secrets qu’ils pourraient utiliser contre les musulmans. Le début de cette sourate aurait en effet été révélé au sujet d’un compagnon, parmi les émigrés de Médine, qui aurait fait parvenir aux païens de la Mecque un message les mettant en garde contre une attaque imminente des musulmans.
إِن يَثْقَفُوكُمْ يَكُونُوا لَكُمْ أَعْدَاءً وَيَبْسُطُوا إِلَيْكُمْ أَيْدِيَهُمْ وَأَلْسِنَتَهُم بِالسُّوءِ وَوَدُّوا لَوْ تَكْفُرُونَ
2/Si jamais ils prenaient le dessus sur vous, ils vous traiteraient en ennemis, n’hésitant pas à lever la main sur vous et à vous blesser de leurs langues acérées. Ils aimeraient tant vous voir renier la foi.
لَن تَنفَعَكُمْ أَرْحَامُكُمْ وَلَا أَوْلَادُكُمْ ۚ يَوْمَ الْقِيَامَةِ يَفْصِلُ بَيْنَكُمْ ۚ وَاللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ بَصِيرٌ
3/Vos proches parents et vos propres enfants[1419] ne vous seront d’aucune utilité le Jour de la résurrection. Ce Jour-là, Allah vous séparera d’eux. Allah voit parfaitement ce que vous faites.
[1419] Auxquels vous pourriez être tentés de donner des marques d’amitié.
قَدْ كَانَتْ لَكُمْ أُسْوَةٌ حَسَنَةٌ فِي إِبْرَاهِيمَ وَالَّذِينَ مَعَهُ إِذْ قَالُوا لِقَوْمِهِمْ إِنَّا بُرَآءُ مِنكُمْ وَمِمَّا تَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللَّهِ كَفَرْنَا بِكُمْ وَبَدَا بَيْنَنَا وَبَيْنَكُمُ الْعَدَاوَةُ وَالْبَغْضَاءُ أَبَدًا حَتَّىٰ تُؤْمِنُوا بِاللَّهِ وَحْدَهُ إِلَّا قَوْلَ إِبْرَاهِيمَ لِأَبِيهِ لَأَسْتَغْفِرَنَّ لَكَ وَمَا أَمْلِكُ لَكَ مِنَ اللَّهِ مِن شَيْءٍ ۖ رَّبَّنَا عَلَيْكَ تَوَكَّلْنَا وَإِلَيْكَ أَنَبْنَا وَإِلَيْكَ الْمَصِيرُ
4/Vous avez un bel exemple en Abraham et en ses compagnons, lorsqu’ils dirent aux leurs : « Nous vous désavouons et vous renions, vous et les fausses divinités que vous adorez en dehors d’Allah. Inimitié et haine sont à jamais déclarées entre nous tant que vous ne croirez pas en Allah seul. » Exception faite de ces paroles adressées par Abraham à son père : « Je ne manquerai pas d’implorer le pardon d’Allah en ta faveur, bien que je ne puisse rien pour toi contre le châtiment d’Allah[1420]. » Abraham et ses compagnons implorèrent : « C’est à Toi, Seigneur, que nous nous en remettons, que nous revenons repentants et que nous retournerons !
[1420] Attitude que les croyants ne doivent donc pas imiter puisqu’il ne leur est pas permis d’implorer le pardon d’Allah pour leurs proches parents mécréants.
رَبَّنَا لَا تَجْعَلْنَا فِتْنَةً لِّلَّذِينَ كَفَرُوا وَاغْفِرْ لَنَا رَبَّنَا ۖ إِنَّكَ أَنتَ الْعَزِيزُ الْحَكِيمُ
5/Ne nous place pas, Seigneur, sous le pouvoir des mécréants qui mettraient alors notre foi à l’épreuve[1421] et pardonne-nous, Seigneur, Toi le Tout-Puissant, l’infiniment Sage. »
[1421] En nous persécutant, et ils seraient eux-mêmes confortés dans leur impiété, ce qui constitue un autre type d’épreuve.
لَقَدْ كَانَ لَكُمْ فِيهِمْ أُسْوَةٌ حَسَنَةٌ لِّمَن كَانَ يَرْجُو اللَّهَ وَالْيَوْمَ الْآخِرَ ۚ وَمَن يَتَوَلَّ فَإِنَّ اللَّهَ هُوَ الْغَنِيُّ الْحَمِيدُ
6/Vous avez en Abraham et ses compagnons un bel exemple à suivre, exemple édifiant pour quiconque espère la récompense d’Allah ici-bas et dans l’au-delà. Quant à celui qui préfère se détourner, qu’il sache qu’Allah peut parfaitement se passer de Ses créatures et qu’Il est digne de toute louange.
عَسَى اللَّهُ أَن يَجْعَلَ بَيْنَكُمْ وَبَيْنَ الَّذِينَ عَادَيْتُم مِّنْهُم مَّوَدَّةً ۚ وَاللَّهُ قَدِيرٌ ۚ وَاللَّهُ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
7/Il se peut qu’Allah, qui a pouvoir sur toute chose, établisse des liens d’amitié entre vous et ceux qui étaient vos ennemis[1422]. Allah est Très Clément et Très Miséricordieux.
[1422] En suscitant la foi dans leurs cœurs.
لَّا يَنْهَاكُمُ اللَّهُ عَنِ الَّذِينَ لَمْ يُقَاتِلُوكُمْ فِي الدِّينِ وَلَمْ يُخْرِجُوكُم مِّن دِيَارِكُمْ أَن تَبَرُّوهُمْ وَتُقْسِطُوا إِلَيْهِمْ ۚ إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ الْمُقْسِطِينَ
8/Allah ne vous défend pas de traiter avec bonté et équité ceux d’entre eux qui ne vous ont ni persécutés en raison de votre foi, ni contraints à l’exil. Allah aime les hommes justes.
إِنَّمَا يَنْهَاكُمُ اللَّهُ عَنِ الَّذِينَ قَاتَلُوكُمْ فِي الدِّينِ وَأَخْرَجُوكُم مِّن دِيَارِكُمْ وَظَاهَرُوا عَلَىٰ إِخْرَاجِكُمْ أَن تَوَلَّوْهُمْ ۚ وَمَن يَتَوَلَّهُمْ فَأُولَـٰئِكَ هُمُ الظَّالِمُونَ
9/Allah vous défend seulement de vous lier à ceux qui vous ont persécutés en raison de votre foi, vous ont contraints à l’exil ou ont prêté main forte à ceux qui vous ont expulsés. Quiconque se lierait à eux ferait preuve d’une grande injustice.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا جَاءَكُمُ الْمُؤْمِنَاتُ مُهَاجِرَاتٍ فَامْتَحِنُوهُنَّ ۖ اللَّهُ أَعْلَمُ بِإِيمَانِهِنَّ ۖ فَإِنْ عَلِمْتُمُوهُنَّ مُؤْمِنَاتٍ فَلَا تَرْجِعُوهُنَّ إِلَى الْكُفَّارِ ۖ لَا هُنَّ حِلٌّ لَّهُمْ وَلَا هُمْ يَحِلُّونَ لَهُنَّ ۖ وَآتُوهُم مَّا أَنفَقُوا ۚ وَلَا جُنَاحَ عَلَيْكُمْ أَن تَنكِحُوهُنَّ إِذَا آتَيْتُمُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ ۚ وَلَا تُمْسِكُوا بِعِصَمِ الْكَوَافِرِ وَاسْأَلُوا مَا أَنفَقْتُمْ وَلْيَسْأَلُوا مَا أَنفَقُوا ۚ ذَٰلِكُمْ حُكْمُ اللَّهِ ۖ يَحْكُمُ بَيْنَكُمْ ۚ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ
10/Vous qui croyez ! Si des croyantes émigrent vers vous, éprouvez leur foi dont Allah seul, d’ailleurs, connaît la réalité. Si leur foi vous paraît sincère, ne les renvoyez pas à leurs époux impies pour lesquels elles ne sont plus licites, pas plus que ceux-ci ne sont licites pour ces femmes. Rendez toutefois à leurs anciens époux la dot qu’ils leur ont versée. Nul mal alors à ce que vous les épousiez contre le versement d’une dot. Mais rompez vous-mêmes tout lien conjugal avec les non croyantes. Réclamez alors[1423] la dot que vous leur avez versée et qu’eux-mêmes[1424] la réclament. Tel est le jugement d’Allah par lequel Il statue entre vous. Allah est Omniscient et infiniment Sage.
[1423] Aux mécréants chez lesquels vos anciennes épouses ont trouvé refuge. [1424] Les anciens époux mécréants des croyantes qui ont émigré en terre d’islam.
وَإِن فَاتَكُمْ شَيْءٌ مِّنْ أَزْوَاجِكُمْ إِلَى الْكُفَّارِ فَعَاقَبْتُمْ فَآتُوا الَّذِينَ ذَهَبَتْ أَزْوَاجُهُم مِّثْلَ مَا أَنفَقُوا ۚ وَاتَّقُوا اللَّهَ الَّذِي أَنتُم بِهِ مُؤْمِنُونَ
11/Si l’une de vos femmes rejoint le camp des mécréants, remettez à son mari la dot qu’il lui a versée, prélevée sur d’éventuels butins arrachés à l’ennemi[1425]. Craignez Allah en qui vous avez foi.
[1425] Si les impies refusent de restituer eux-mêmes cette dot.
يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ إِذَا جَاءَكَ الْمُؤْمِنَاتُ يُبَايِعْنَكَ عَلَىٰ أَن لَّا يُشْرِكْنَ بِاللَّهِ شَيْئًا وَلَا يَسْرِقْنَ وَلَا يَزْنِينَ وَلَا يَقْتُلْنَ أَوْلَادَهُنَّ وَلَا يَأْتِينَ بِبُهْتَانٍ يَفْتَرِينَهُ بَيْنَ أَيْدِيهِنَّ وَأَرْجُلِهِنَّ وَلَا يَعْصِينَكَ فِي مَعْرُوفٍ ۙ فَبَايِعْهُنَّ وَاسْتَغْفِرْ لَهُنَّ اللَّهَ ۖ إِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
12/Prophète ! Lorsque les croyantes viennent s’engager devant toi à ne point associer de fausses divinités à Allah, à ne point voler, à fuir le péché de la chair, à ne point tuer leurs enfants, à ne point attribuer à leurs maris des enfants qui ne sont pas les leurs et à ne transgresser aucun de tes ordres, alors reçois leur allégeance et implore pour elles le pardon d’Allah. Allah est Très Clément et Très Miséricordieux.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَوَلَّوْا قَوْمًا غَضِبَ اللَّهُ عَلَيْهِمْ قَدْ يَئِسُوا مِنَ الْآخِرَةِ كَمَا يَئِسَ الْكُفَّارُ مِنْ أَصْحَابِ الْقُبُورِ
13/Vous qui croyez ! Ne vous liez pas à des gens qui ont attiré sur eux la colère d’Allah et qui désespèrent d’obtenir la moindre récompense dans l’au-delà, de même que les mécréants désespèrent de voir revenir leurs morts[1426].
[1426] Ou : de même que les mécréants, dans leurs tombes, désespèrent de la miséricorde d’Allah.