Sourate An-Nasr (n°110) Le Secours
- Français
- Phonétique
- Arabe
Nom de la sourate
La sourate tire son nom du mot "nasr" qui apparaît dans le premier verset.
Période de révélation
Selon Abdullah bin Abbas, il s'agit de la dernière sourate du Coran à avoir été révélée. Autrement dit, aucune sourate complète n'a été envoyée au Prophète après celle-ci. (Muslim Nasai, Tabarani, Ibn Abi Shaibah, Ibn Marduyah).
D'après Abdullah bin Umar, cette sourate a été révélée lors du Pèlerinage d'Adieu, au milieu des Jours de Tashriq à Mina. Après cela, le Prophète monta sur sa chamelle et prononça son célèbre Sermon. (Tirmidhi, Bazzar, Baihaqi, Ibn Abi Shaibah, Abd bin Humaid, Abn Yala, Ibn Marduyah). Baihaqi, dans Kitab al-Hajj, a rapporté le Sermon que le Prophète a donné à cette occasion, d'après la tradition de Sarra bint-Nabhan. Elle raconte :
"Lors du Pèlerinage d'Adieu, j'ai entendu le Prophète dire : Ô gens, savez-vous quel jour nous sommes ? Ils répondirent : Allah et Son Messager le savent mieux que quiconque. Il dit : C'est le jour du milieu des Jours de Tashriq. Puis il demanda : Savez-vous en quel lieu nous sommes ? Ils répondirent : Allah et Son Messager le savent mieux que quiconque. Il dit : Ceci est Masharil-Haram. Ensuite, il ajouta : Je ne sais pas si je vous reverrai ici. Sachez que vos vies et votre honneur sont sacrés, jusqu'à ce que vous comparaissiez devant votre Seigneur et qu'Il vous interroge sur vos actes. Écoutez : que celui qui est proche transmette ce message à celui qui est loin. Écoutez : ai-je bien transmis le message ? Puis, à notre retour à Médine, le Prophète décéda peu de temps après."
Si on lit ces deux traditions ensemble, il semble qu'il y ait eu un intervalle de trois mois et quelques jours entre la révélation de la Sourate An-Nasr et le décès du Prophète. Historiquement, c'est bien l'intervalle qu'il y a eu entre le Pèlerinage d'Adieu et la mort du Prophète.
Ibn Abbas rapporte que lorsque cette sourate fut révélée, le Prophète dit qu'il avait été informé de sa mort prochaine. (Musnad Ahmad, Ibn Jarir, Ibn al-Mundhir, Ibn Marduyah). Dans d'autres traditions rapportées par Abdullah bin Abbas, il est dit qu'à la révélation de cette sourate, le Prophète comprit qu'il avait été informé de son départ de ce monde. (Musnad Ahmad, Ibn Jarir, Tabarani, Nasai, Ibn Abi Hatim, Ibn Marduyah).
Umm Habibah, Mère des Croyants, raconte que lorsque cette sourate fut révélée, le Prophète annonça qu'il quitterait ce monde cette année-là. En entendant cela, Fatimah pleura. Il lui dit alors : "Parmi les membres de ma famille, tu seras la première à me rejoindre." À ces mots, elle se mit à rire. (Ibn Abi Hatim, Ibn Marduyah). Une tradition au contenu similaire a été rapportée par Baihaqi, d'après Ibn Abbas.
Ibn Abbas raconte : "Umar avait l'habitude de m'inviter à siéger dans son assemblée avec d'importants Compagnons âgés qui avaient combattu à Badr. Certains d'entre eux n'appréciaient pas cela. Ils se plaignaient d'avoir eux aussi des fils comme ce garçon. Pourquoi alors était-il spécialement invité à siéger dans l'assemblée ? (Bukhari et Ibn Jarir ont souligné qu'une telle chose avait été dite par Abdur Rahman bin Auf).
Umar répondit que le garçon jouissait de cette position et distinction en raison de son savoir. Un jour, il invita les Compagnons de Badr et me demanda aussi de m'asseoir avec eux. Je compris qu'il m'avait convié à l'assemblée pour prouver son point de vue. Pendant la conversation, Umar demanda aux Compagnons de Badr : "Que dites-vous au sujet de Idha jaa nasrullahi wal-fath ?" Certains dirent : "Il nous y est enjoint de louer Allah et demander Son pardon quand Son secours vient et que nous obtenons la victoire." D'autres dirent que cela impliquait la conquête de villes et de forteresses. Certains restèrent silencieux. Alors Umar me demanda : "Ibn Abbas, dis-tu la même chose ?" Je répondis que non. Il demanda : "Quel est donc ton avis ?" Je soumis que cela faisait allusion à la dernière heure du Messager d'Allah (que la paix soit sur lui) ; il y était informé que lorsque le secours d'Allah viendrait et que la victoire serait obtenue, ce serait un signe que son heure était venue ; il devrait donc louer Allah et implorer Son pardon. Là-dessus, Umar dit : "Je ne sais rien d'autre que ce que tu as dit."
Dans une autre tradition, il est ajouté qu'Umar dit aux Compagnons : "Comment pouvez-vous me blâmer quand vous avez vous-mêmes vu pourquoi j'invite ce garçon à se joindre à l'assemblée ?" (Bukhari, Musnad Ahmad, Tirmidhi, Ibn Jarir, Ibn Marduyah, Baghawi, Baihaqi, Ibn al-Mundhir).
Thème et sujet
Comme le montrent les traditions ci-dessus, Allah avait informé Son Messager (que la paix soit sur lui) dans cette sourate que lorsque l'Islam remporterait une victoire complète en Arabie et que les gens entreraient en grand nombre dans la religion d'Allah, cela signifierait que la mission pour laquelle il avait été envoyé dans le monde avait été accomplie. Il lui fut alors enjoint de s'occuper à louer et glorifier Allah par la grâce de qui il avait pu accomplir une si grande tâche, et il devait L'implorer de pardonner les manquements et faiblesses qu'il aurait pu montrer dans l'accomplissement de ce service.
Ici, on peut facilement voir la grande différence qu'il y a entre un Prophète et un leader mondain ordinaire. Si un leader mondain est capable, de son vivant, de mener à bien une révolution qui est le but et l'objectif de sa lutte, ce serait pour lui une occasion d'exultation. Mais ici, nous sommes témoins d'un tout autre phénomène. Le Messager d'Allah, en l'espace de 23 ans, a révolutionné toute une nation dans ses croyances, ses pensées, ses coutumes, sa morale, sa civilisation, ses modes de vie, son économie, sa politique et sa capacité à combattre. Il l'a fait passer de l'ignorance et de la barbarie à la conquête du monde et au leadership des nations. Pourtant, lorsqu'il eut accompli cette tâche unique, il ne lui fut pas enjoint de la célébrer mais de glorifier et louer Allah et de prier pour Son pardon. Il s'appliqua humblement à mettre en œuvre ce commandement.
Aishah rapporte : "Le Saint Messager (que la paix soit sur lui) récitait souvent avant sa mort : Subhanak-Allahumma wa bi-hamdika astaghfiruka wa atubu ilaika (selon d'autres traditions, Subhan Allahi wa bi hamdi-hi astaghfirullaha wa atubu ilaihi). Je lui demandai : Ô Messager d'Allah, quelles sont ces paroles que tu as commencé à réciter ? Il répondit : Un signe m'a été désigné pour que, lorsque je le verrai, je récite ces paroles, et c'est : Idha jaa nasrullahi wal-fathu." (Musnad Ahmad, Muslim, Ibn Jarir, Ibn al-Mundhir, Ibn Marduyah).
Dans d'autres traditions sur le même sujet, Aishah a rapporté que le Prophète récitait souvent les paroles suivantes dans son ruku et son sajdah : Subhanak-Allahumma wa-bi hamdika, Allahumma-aghfirli. C'était l'interprétation du Coran (c'est-à-dire de la Sourate An-Nasr) qu'il avait faite. (Bukhari, Muslim Abu Daud, Nasai, Ibn Majah, Ibn Jarir).
Umm Salamah raconte que le Prophète (que la paix soit sur lui), durant ses derniers jours, récitait très souvent les paroles suivantes, assis, debout, en sortant de la maison et en y revenant : Subhan Allahi wa-bi hamdi-hi. Un jour, je lui demandai : "Pourquoi récites-tu si souvent ces paroles, ô Messager d'Allah ?" Il répondit : "Il m'a été enjoint de le faire." Puis il récita cette sourate. (Ibn Jarir).
Selon Abdullah bin Masud, lorsque cette sourate fut révélée, le Messager d'Allah (que la paix soit sur lui) se mit fréquemment à réciter les paroles Subhanak-Allahumma wa bi-hamdika, Allahumm-aghfirli, subhanaka Rabbana wa bi-hamdika, Allahumm-aghfirli, innaka anta at-Tawwab al-Ghafur. (Ibn Jarir, Musnad Ahmad, Ibn Abi Hatim).
Ibn Abbas a déclaré qu'après la révélation de cette sourate, le Saint Messager (que la paix soit sur lui) se mit à œuvrer avec une intensité et un dévouement pour l'Au-delà comme il ne l'avait jamais fait auparavant.
Lire la sourate An-Nasr en français
en arabe
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـٰنِ الرَّحِيمِ Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
إِذَا جَاءَ نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ
1/Lorsque, t’apportant Son secours, Allah te fera triompher[1614]
[1614] De tes ennemis, par la conquête de la Mecque.
وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا
2/et que tu verras les hommes embrasser la religion d’Allah par groupes entiers,
فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ ۚ إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا
3/célèbre, par les louanges, la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Il accepte toujours le repentir de Ses serviteurs dévoués.