Sourate Al-Fil (n°105) L'Éléphant
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- Arabe
Nom de la sourate
La sourate tire son nom de l'expression "ashab al fil" mentionnée dans le tout premier verset.
Période de révélation
Il est unanimement reconnu qu'il s'agit d'une sourate mecquoise. En l'étudiant dans son contexte historique, il apparaît qu'elle a dû être révélée aux tout premiers stades de la période mecquoise.
Contexte historique
Comme nous l'avons expliqué dans la note de bas de page 4 de la sourate Al-Buruj, en représailles à la persécution des disciples de Jésus-Christ (que la paix soit sur lui) à Najran par le dirigeant juif Dhu-Nuwas du Yémen, le royaume chrétien d'Abyssinie envahit le Yémen en 525 après J.-C. et mit fin au règne himyarite. Tout ce territoire passa alors sous le contrôle abyssin.
Cela se produisit en fait grâce à une collaboration entre l'empire byzantin de Constantinople et le royaume d'Abyssinie, car les Abyssins n'avaient pas de flotte navale à l'époque. La flotte fut fournie par les Byzantins et l'Abyssinie envoya 70 000 de ses troupes à travers la mer Rouge jusqu'au Yémen. D'emblée, il faut comprendre que tout cela n'était pas motivé par un zèle religieux, mais qu'il y avait aussi des facteurs économiques et politiques en jeu, qui étaient probablement les véritables motifs, la vengeance du sang chrétien servant d'excuse.
Depuis que l'empire byzantin avait occupé l'Égypte et la Syrie, il tentait de prendre le contrôle du commerce entre l'Afrique de l'Est, l'Inde, l'Indonésie, etc., et les territoires byzantins, jusque-là aux mains des Arabes depuis des siècles, afin de maximiser les profits en éliminant les intermédiaires arabes. Dans ce but, en 24 ou 25 av. J.-C., César Auguste envoya une grande armée sous le commandement du général romain Aelius Gallus, qui débarqua sur la côte ouest de l'Arabie, afin d'intercepter et d'occuper la route maritime entre le sud de l'Arabie et la Syrie (voir la carte de cette route commerciale à la p. 111 de "The Meaning of the Qur'an", vol. iv). Cependant, la campagne échoua en raison des conditions géographiques extrêmes de l'Arabie.
Après cela, les Byzantins amenèrent leur flotte dans la mer Rouge et mirent fin au commerce maritime arabe, ne leur laissant que la route terrestre. Pour s'emparer de cette route, ils conspirèrent avec les chrétiens d'Abyssinie et, avec l'aide de leur flotte, les aidèrent à occuper le Yémen.
Les récits des historiens arabes sur l'armée abyssine qui envahit le Yémen diffèrent. Hafiz Ibn Kathir affirme qu'elle était dirigée par deux commandants, Aryat et Abrahah, et selon Muhammad bin Ishaq, son commandant était Aryat, et Abrahah en faisait partie. Tous deux s'accordent sur le fait qu'Aryat et Abrahah se brouillèrent, qu'Aryat fut tué dans l'affrontement et qu'Abrahah prit possession du pays. Il parvint ensuite à persuader le roi abyssin de le nommer vice-roi du Yémen.
Au contraire, les historiens grecs et syriens rapportent qu'après la conquête du Yémen, les Abyssins commencèrent à mettre à mort les chefs yéménites qui avaient résisté. L'un d'eux, nommé As-Sumayfi Ashwa (que les historiens grecs appellent Esymphaeus), se soumit aux Abyssins et, promettant de payer un tribut, obtint du roi abyssin le mandat de gouverner le Yémen. Mais l'armée abyssine se révolta contre lui et mit Abrahah à sa place. Cet homme était l'esclave d'un marchand grec du port abyssin d'Adolis, qui, par une habile diplomatie, avait acquis une grande influence dans l'armée abyssine occupant le Yémen. Les troupes envoyées par le Négus pour le punir soit le prévinrent, soit furent vaincues par lui. Par la suite, après la mort du roi, son successeur se résigna à l'accepter comme vice-régent du Yémen. (Les historiens grecs l'appellent Abrames et les historiens syriens Abraham. Abrahah est peut-être une variante abyssine d'Abraham, dont la version arabe est Ibrahim).
Avec le temps, cet homme devint un dirigeant indépendant du Yémen. Il ne reconnaissait la souveraineté du Négus que de nom et se décrivait comme son représentant. L'influence qu'il exerçait peut être mesurée par le fait qu'après la restauration du barrage de Marib en 543 après J.-C., il célébra l'événement par une grande fête, à laquelle assistèrent les ambassadeurs de l'empereur byzantin, du roi d'Iran, du roi de Hirah et du roi de Ghassan. Les détails complets sont donnés dans l'inscription qu'Abrahah installa sur le barrage. Cette inscription existe toujours et a été publiée par Glaser. (Pour plus de détails, voir la note 37 du commentaire de la sourate Saba).
Après avoir stabilisé son règne au Yémen, Abrahah se tourna vers l'objectif qui, depuis le début de cette campagne, avait été celui de l'empire byzantin et de ses alliés, les chrétiens d'Abyssinie : d'une part, répandre le christianisme en Arabie et, d'autre part, s'emparer du commerce qui se faisait par l'intermédiaire des Arabes entre les terres orientales et les territoires byzantins. Ce besoin s'accrut car la lutte de pouvoir entre les Byzantins et l'empire sassanide d'Iran avait bloqué toutes les routes commerciales byzantines vers l'Est.
Pour atteindre cet objectif, Abrahah fit construire à Sanaa, la capitale du Yémen, une magnifique cathédrale, appelée par les historiens arabes al-Qalis, al-Qullais ou al-Qulais, ce mot étant une version arabe du mot grec Ekklesia, qui signifie église. Selon Muhammad bin Ishaq, après avoir achevé la construction, il écrivit au Négus : "Je ne me reposerai pas tant que je n'aurai pas détourné le pèlerinage des Arabes vers elle." Ibn Kathir écrit qu'il déclara ouvertement son intention au Yémen et la fit annoncer publiquement. En fait, il voulait provoquer les Arabes afin qu'ils fassent quelque chose qui lui donnerait une excuse pour attaquer la Mecque et détruire la Kaaba.
Muhammad bin Ishaq raconte qu'un Arabe, outré par cette proclamation publique, entra dans la cathédrale et la profana. Ibn Kathir précise que cela fut fait par un Quraychite et, selon Muqatil bin Suleman, des jeunes hommes de Quraych mirent le feu à la cathédrale. L'un ou l'autre a pu se produire, car la proclamation d'Abrahah était certainement provocante et, dans l'Arabie préIslamique ancienne, il n'est pas impossible qu'un Arabe ou un jeune Quraychite ait été outragé et ait profané la cathédrale ou y ait mis le feu. Mais il se peut aussi qu'Abrahah lui-même ait fait cela secrètement par l'intermédiaire de son propre agent afin d'avoir un prétexte pour envahir la Mecque et atteindre ainsi ses deux objectifs : détruire les Quraychites et intimider les Arabes.
En tout cas, quoi qu'il se soit passé, lorsqu'Abrahah apprit que les fidèles de la Kaaba avaient ainsi profané sa cathédrale, il jura de ne pas se reposer tant qu'il n'aurait pas détruit la Kaaba.
Ainsi, en 570 ou 571 après J.-C., il prit 60 000 soldats et 13 éléphants (selon une autre tradition, 9 éléphants) et partit pour La Mecque. En chemin, d'abord un chef yamanite, Dhu Nafr, rassemblant une armée d'Arabes, lui résista mais fut vaincu et fait prisonnier. Puis dans le pays de Khath'am, il fut opposé par Nufail bin Habib al-Khath'am, avec sa tribu, mais lui aussi fut vaincu et fait prisonnier, et pour sauver sa vie, il accepta de le servir comme guide en pays arabe. Quand il arriva près de Taïf, les Bani Thaqif sentirent qu'ils ne pourraient pas résister à une si grande force et, craignant qu'il ne détruise aussi le temple de leur déité Lat, leur chef, Mas'ud, sortit vers Abrahah avec ses hommes, et lui dit que leur temple n'était pas celui qu'il était venu détruire. Le temple qu'il cherchait était à La Mecque, et ils enverraient avec lui un homme pour l'y guider. Abrahah accepta l'offre, et les Bani Thaqif envoyèrent Abu Righal comme guide avec lui. Quand ils atteignirent al-Mughammas (ou al-Mughammis), un lieu à environ 3 miles de La Mecque, Abu Righal mourut, et les Arabes lapidèrent sa tombe, une pratique qui survit jusqu'à ce jour. Ils maudirent aussi les Bani Thaqif, car pour sauver le temple de Lat, ils avaient coopéré avec les envahisseurs de la Maison d'Allah.
Selon Muhammad bin Ishaq, depuis al-Mughammas, Abrahah envoya son avant-garde qui lui ramena le butin du peuple de Tihamah et de Quraish, dont deux cents chameaux d'Abdul Muttalib, le grand-père du Saint Messager d'Allah (que la paix soit sur lui). Puis, il envoya un émissaire à La Mecque avec le message qu'il n'était pas venu combattre le peuple de La Mecque mais seulement détruire la Maison (c'est-à-dire la Kaaba). S'ils n'offraient aucune résistance, il n'y aurait aucune raison d'effusion de sang. Abrahah demanda aussi à son émissaire que si le peuple de La Mecque voulait négocier, il devait revenir avec leur chef. Le chef de La Mecque à cette époque était Abdul Muttalib. L'émissaire alla le voir et lui transmit le message d'Abrahah. Abdul Muttalib répondit : "Nous n'avons pas le pouvoir de combattre Abrahah. C'est la Maison d'Allah. S'Il le veut, Il sauvera Sa Maison." L'émissaire lui demanda d'aller avec eux voir Abrahah. Il accepta et l'accompagna auprès du roi. Abdul Muttalib était un homme si digne et beau que lorsque Abrahah le vit, il fut très impressionné ; il descendit de son trône et s'assit à côté de lui sur le tapis. Puis il lui demanda ce qu'il voulait. Abdul Muttalib répondit qu'il voulait que le roi lui rende ses chameaux qu'il avait pris. Abrahah dit : "J'étais très impressionné en vous voyant mais votre réponse vous a fait baisser dans mon estime : vous ne demandez que vos chameaux mais ne dites rien sur cette Maison qui est votre sanctuaire et celui de vos ancêtres." Abdul Muttalib répliqua : "Je suis le propriétaire de mes chameaux et vous demande de me les rendre. Quant à la Maison, elle a son propre Propriétaire : Il la défendra." Quand Abrahah dit qu'Abdul Muttalib ne serait pas capable de défendre la Kaaba contre lui, Abdul Muttalib répondit que cela ne dépendait que d'Allah et d'Abrahah. Sur ce, Abdul Muttalib quitta Abrahah qui lui rendit ses chameaux.
La tradition d'Ibn Abbas est différente. Elle ne mentionne pas du tout la demande pour les chameaux. Selon les traditions rapportées de lui par Abd bin Humaid, Ibn al-Mundhir, Ibn Marduyah, Hakim, Abu Nuaim et Baihaqi, il déclare que lorsque Abrahah atteignit As-Sifah (un lieu situé entre Arafat et Taïf dans les montagnes près des limites sacrées de La Mecque), Abdul Muttalib alla le voir et dit : "Il n'était pas nécessaire pour vous de venir de si loin. Vous auriez dû nous donner des ordres et nous vous aurions apporté tout ce dont vous aviez besoin." Il dit : "J'entends que cette Maison est la Maison de la paix : je suis venu détruire sa paix." Là-dessus, Abdul Muttalib dit : "C'est la Maison d'Allah. Il n'a permis à personne jusqu'à présent de la dominer." Abrahah répliqua : "Nous ne repartirons pas avant de l'avoir détruite." Abdul Muttalib dit : "Vous pouvez prendre ce que vous voulez de nous et repartir." Abrahah refusa de bouger et ordonna à ses troupes d'avancer, laissant Abdul Muttalib derrière.
En laissant les deux traditions telles quelles, une chose qui devient évidente est que les tribus vivant à La Mecque et alentour n'avaient pas le pouvoir de combattre une si grande force et de sauver la Kaaba. Par conséquent, les Quraish n'ont évidemment pas essayé de résister. Les Quraish, à l'occasion de la bataille du Fossé (Ahzab), avaient à peine pu rassembler une force de dix à douze mille hommes malgré l'alliance avec les tribus païennes et juives ; ils n'auraient pas pu résister à une armée de 60 000 hommes.
Muhammad bin Ishaq dit qu'après être revenu du camp d'Abrahah, Abdul Muttalib ordonna aux Quraish de se retirer de la ville et d'aller dans les montagnes avec leurs familles par peur d'un massacre général. Puis il alla à la Kaaba avec quelques chefs des Quraish et, prenant l'anneau de fer de la porte, pria Allah le Tout-Puissant de protéger Sa Maison et ses gardiens. Il y avait à cette époque 360 idoles dans et autour de la Kaaba, mais à ce moment critique, ils les oublièrent et implorèrent seulement Allah pour obtenir de l'aide. Leurs supplications qui ont été rapportées dans les livres d'histoire ne contiennent aucun nom à part le nom d'Allah, l'Unique.
Ibn Hisham dans sa Vie du Prophète a cité quelques vers d'Abdul Muttalib, qui sont à peu près les suivants : "Ô Dieu, un homme protège sa maison, alors protège Ta Maison ; Ne laisse pas leur croix et leur ruse surpasser demain Ta ruse. Si Tu veux les laisser, eux et notre qibla, à eux-mêmes, Tu peux faire comme il Te plaît."
Suhail, dans Raud al-Unuf, a également cité ce verset en lien : "Aide aujourd'hui Tes fidèles contre les fidèles de la croix et ses adorateurs."
Ibn Jarir a rapporté cette supplication d'Abdul Muttalib : "Ô mon Seigneur, je n'espère de personne d'autre que Toi contre eux. Ô mon Seigneur, protège Ta Maison d'eux. L'ennemi de cette Maison est Ton ennemi. Empêche-les de détruire Ton lieu saint."
Après avoir fait ces supplications, Abdul Muttalib et ses compagnons se retirèrent également dans les montagnes. Le lendemain matin, Abrahah se prépara à entrer à La Mecque, mais son éléphant spécial, Mahmud, qui était en première ligne, s'agenouilla. Il fut battu avec des barres de fer, aiguillonné, même menacé, mais il ne voulait pas se relever. Quand ils le firent face au sud, au nord ou à l'est, il partait immédiatement, mais dès qu'ils le dirigeaient vers La Mecque, il s'agenouillait. Pendant ce temps, des nuées d'oiseaux apparurent, transportant des pierres dans leurs becs et leurs griffes, et les déversèrent sur les troupes. Quiconque était touché commençait à se désintégrer. Selon Muhammad bin Ishaq et Ikrimah, il s'agissait de la variole, qui fut observée en Arabie pour la première fois cette année-là. Ibn Abbas dit que quiconque était frappé par un caillou commençait à se gratter le corps, entraînant la rupture de la peau et la chute de la chair. Dans une autre tradition, Ibn Abbas dit que la chair et le sang coulaient comme de l'eau et que les os du corps devenaient visibles. La même chose arriva aussi à Abrahah. Sa chair tomba en morceaux et des trous apparurent sur son corps, émettant du pus et du sang. Dans la confusion, ils se retirèrent et s'enfuirent vers le Yémen. Nufail bin Habib, qu'ils avaient amené comme guide du pays de Khatham, fut recherché et on lui demanda de les guider vers le Yémen, mais il refusa et dit : "Maintenant, où peut-on fuir quand Dieu poursuit ? Le nez fendu (Abrahah) est le vaincu, pas le vainqueur."
Alors qu'ils se retiraient, ils tombaient continuellement et mouraient. Ata bin Yasar dit que toutes les troupes ne périrent pas sur place ; certains périrent là et d'autres périrent en chemin alors qu'ils se retiraient. Abrahah mourut dans le pays de Khath'am.
Cet événement eut lieu à Muhassir, près de la vallée de Muhassab, entre Muzdalifah et Mina. Selon le Sahih de Muslim et Abu Da'ud, dans la description du pèlerinage d'adieu du Prophète que l'imam Jafar as-Sadiq a rapporté de son père, l'imam Muhammad Baqir, et lui de Hadrat Jabir bin Abdullah, il dit que lorsque le Prophète (que la paix soit sur lui) alla de Muzdalifah à Mina, il accéléra dans la vallée de Muhassir. L'imam Nawawi a expliqué cela en disant que l'incident des gens de l'éléphant s'était produit là ; par conséquent, il a été enjoint aux pèlerins de passer rapidement, car Muhassir est un lieu tourmenté. L'imam Malik dans Mu'atta a rapporté que le Prophète a dit que tout Muzdalifah est un lieu approprié pour rester mais qu'on ne devrait pas rester dans la vallée de Muhassir.
La poésie de Nufail bin Habib
Dans les vers de Nufail bin Habib, qu'Ibn Ishaq a cités, il décrit cet événement en tant que témoin oculaire : "Si seulement tu avais vu, ô Rudaina, mais tu ne verrais pas, Ce que nous avons vu près de la vallée de Muhassab. J'ai loué Dieu quand j'ai vu les oiseaux, et j'ai craint que les pierres ne tombent sur nous. Tout le monde demandait Nufail comme si je devais une dette aux Abyssins."
Un événement marquant
Ce fut un événement si marquant qu'il se répandit bientôt dans toute l'Arabie et de nombreux poètes en firent le sujet de leurs poèmes élogieux. Dans ces poèmes, une chose est tout à fait évidente : chacun considérait cela comme une manifestation du pouvoir miraculeux d'Allah Tout-Puissant, et personne, même par allusion, ne dit que les idoles qui étaient adorées dans la Kaaba y étaient pour quelque chose. Par exemple, Abdullah ibn Az-Zibara dit : "Les soixante mille ne rentrèrent pas chez eux, et leur malade (Abrahah) ne survécut pas au retour. Ad et Jurham étaient là avant eux, Et il y a Allah, au-dessus des serviteurs, Qui le soutient."
Abu Qais bin Aslat dit : "Lève-toi et adore ton Seigneur et oins Les Coins de la Maison d'Allah entre les Montagnes de La Mecque et Mina. Quand l'aide du Maître du Trône t'est parvenue, Ses armées les ont repoussés si bien qu'ils gisaient dans la poussière, lapidés."
Non seulement cela, mais selon Hadrat Umm Hani et Hadrat Zubair bin al-Awwam, le Prophète (que la paix soit sur lui) a dit : "Les Quraish n'ont adoré qu'Allah, l'Unique, pendant dix ans" (et selon d'autres, pendant sept ans). La tradition d'Umm Hani a été rapportée par l'imam Bukhari dans son Histoire et par Tabarani, Hakim, Ibn Marduyah et Baihaqi dans leurs recueils de hadiths. La déclaration de Hadrat Zubair a été rapportée par Tabarani, Ibn Marduyah et Ibn Asakir, et ceci est en outre confirmé par la tradition mursal de Hadrat Sa'id bin al Musayyab, que Khatib Baghdadi a consignée dans son Histoire.
Les Arabes décrivent l'année où cet événement eut lieu comme Am al-Fil (l'année des éléphants), et la même année, le Messager d'Allah (que la paix soit sur lui) est né. Les traditionnistes et les historiens affirment presque unanimement que l'événement des gens de l'éléphant s'est produit en Muharram et que le Prophète est né en Rabi al-Awwal. Une majorité d'entre eux affirme qu'il est né 50 jours après l'événement de l'éléphant.
Thème et substance
Si la sourate al-Fil est étudiée à la lumière des détails historiques donnés ci-dessus, on peut bien comprendre pourquoi dans cette sourate, seul le châtiment infligé par Allah aux gens de l'éléphant a été mentionné et décrit si brièvement. C'était un événement récent, et tout le monde à La Mecque et en Arabie en était pleinement conscient. Les Arabes croyaient que la Kaaba avait été protégée lors de cette invasion non pas par un dieu ou une déesse mais par Allah Tout-Puissant Lui-même. Ensuite, seul Allah avait été invoqué par les chefs Quraish pour obtenir de l'aide, et pendant quelques années, les gens de Quraish, impressionnés par cet événement, n'avaient adoré qu'Allah. Par conséquent, il n'était pas nécessaire de mentionner les détails dans la sourate al-Fil, mais une simple référence suffisait pour que les gens de Quraish en particulier, et les gens d'Arabie en général, considèrent bien dans leur cœur le message que le Prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) donnait. Car le seul message qu'il donna était qu'ils ne devaient adorer et servir qu'Allah, l'Unique. Ensuite, ils devaient également considérer que s'ils utilisaient la force pour réprimer cette invitation à la vérité, ils ne feraient qu'inviter la colère de Dieu, Qui avait si complètement vaincu et détruit les gens des éléphants.
Lire la sourate Al-Fil en français
en arabe
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـٰنِ الرَّحِيمِ Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
أَلَمْ تَرَ كَيْفَ فَعَلَ رَبُّكَ بِأَصْحَابِ الْفِيلِ
1/Ne connais-tu pas le sort réservé par ton Seigneur à l’armée des éléphants[1608] ?
[1608] Une armée venue, avant l’avènement de l’islam, du Yémen sur des éléphants afin de détruire le Sanctuaire de la Mecque, mais qui fut exterminée comme le décrit cette sourate (Voir la biographie du Prophète en annexe).
أَلَمْ يَجْعَلْ كَيْدَهُمْ فِي تَضْلِيلٍ
2/N’a-t-Il pas déjoué leur plan malveillant,
وَأَرْسَلَ عَلَيْهِمْ طَيْرًا أَبَابِيلَ
3/suscitant contre eux des nuées d’oiseaux,
تَرْمِيهِم بِحِجَارَةٍ مِّن سِجِّيلٍ
4/qui lancèrent sur eux des pierres d’argile,
فَجَعَلَهُمْ كَعَصْفٍ مَّأْكُولٍ
5/les réduisant à l’état de paille déchiquetée ?