Sourate Al-Kahf (n°18) La Caverne

Sourate Al-Kahf (n°18)

Nom de la sourate

La sourate doit son nom, Al-Kahf, à la mention de ce terme dans le neuvième verset.

Contexte de la révélation

Al-Kahf est la première sourate révélée lors de la troisième phase de la prophétie à La Mecque, une période que nous avons précédemment divisée en quatre étapes dans l'introduction du chapitre VI. Cette troisième étape s'étend de la cinquième à la dixième année de la mission prophétique.

Contrairement à la deuxième et à la quatrième étape, durant lesquelles les Quraychites ont respectivement eu recours à la dérision, aux menaces, aux tentations, aux objections et à la propagande mensongère, puis à une persécution sévère pour réprimer le mouvement Islamique, la troisième étape se caractérise par l'utilisation de la violence, des mauvais traitements et de la pression économique dans le même but.

La situation est devenue si difficile qu'un grand nombre de musulmans ont dû fuir l'Arabie pour trouver refuge en Abyssinie, tandis que ceux qui sont restés ont été assiégés avec le Prophète et sa famille dans le Shi'ib Abi Talib, subissant un boycott social et économique total. Seule la présence de deux figures influentes, Abu Talib et Khadija, dont le soutien de leurs clans respectifs a quelque peu adouci l'épreuve, constituait un aspect positif.

Cependant, leur décès au cours de la dixième année de la prophétie a marqué le début de la quatrième étape, avec des persécutions si intenses qu'elles ont contraint le Prophète et tous ses Compagnons à émigrer de La Mecque.

Le thème de la sourate suggère qu'elle a été révélée au début de la troisième étape, avant l'émigration vers l'Abyssinie, malgré les persécutions et l'opposition croissantes. L'histoire des "Compagnons de la Caverne" a ainsi été relatée pour réconforter et encourager les musulmans persécutés, en leur montrant comment, par le passé, des hommes vertueux ont préservé leur foi face à l'adversité.

Thèmes abordés

La révélation de cette sourate visait à répondre à trois questions posées par les polythéistes de La Mecque, en concertation avec les gens du Livre, dans le but de mettre le Prophète à l'épreuve. Ces questions portaient sur : (1) l'identité des "Compagnons de la Caverne", (2) la véritable histoire de Khidr, et (3) les connaissances du Prophète au sujet de Zul-Qarnain.

Comme ces trois sujets, liés à l'histoire des chrétiens et des juifs, étaient méconnus au Hedjaz, ils ont été choisis pour vérifier si le Prophète avait accès à une source de connaissance cachée et invisible. Cependant, non seulement Allah a apporté une réponse complète à leurs questions, mais Il a également utilisé ces trois récits pour soutenir les musulmans dans le conflit qui les opposait aux mécréants de l'époque :

Il a été révélé aux interrogateurs que les "Compagnons de la Caverne" croyaient en la même doctrine du Tawhid que celle prônée dans le Coran, et que leur situation était similaire à celle des musulmans persécutés à La Mecque. À l'inverse, le comportement des persécuteurs des Compagnons de la Caverne envers ces derniers était comparable à celui des mécréants des Quraychites envers les musulmans.

De plus, les musulmans ont appris que même si un croyant est persécuté par une société cruelle, il ne doit pas céder au mensonge mais plutôt émigrer, si nécessaire, en plaçant sa confiance en Dieu. Par la même occasion, il a été démontré aux mécréants de La Mecque que l'histoire des Compagnons de la Caverne était une preuve évidente de la croyance en l'au-delà, car elle illustrait le pouvoir d'Allah de ressusciter qui Il veut, même après un long sommeil de mort, comme Il l'a fait pour les Compagnons de la Caverne.

Le récit des Compagnons de la Caverne a servi à mettre en garde les dirigeants mecquois qui opprimaient la communauté musulmane naissante. Parallèlement, le Prophète a été enjoint de ne faire aucune concession avec leurs bourreaux et de ne pas les considérer comme supérieurs à ses disciples démunis. Ces chefs ont été exhortés à ne pas s'enorgueillir de leur vie de plaisirs éphémères, mais plutôt à cultiver des vertus durables et éternelles.

La leçon de Khidr et Moïse

L'histoire de Khidr et Moïse a été relatée pour répondre aux interrogations des mécréants et réconforter les croyants. Son enseignement est le suivant : "Tu dois avoir une foi inébranlable en la sagesse divine qui régit l'Univers selon la volonté d'Allah. La réalité t'étant voilée, tu es incapable de saisir la raison profonde des événements. Parfois, lorsque les choses semblent tourner à ton désavantage, tu t'exclames : 'Comment et pourquoi cela est-il arrivé ?'. En vérité, si le voile de l'invisible était levé, tu comprendrais que ce qui se produit est pour le mieux. Même si certaines épreuves paraissent t'accabler, tu constateras qu'à terme, elles t'apporteront aussi du bien."

Zul-Qarnain, un exemple pour les chefs de La Mecque

De même, l'histoire de Zul-Qarnain interpelle les sceptiques, comme pour leur dire : "Ô vous, vains dirigeants de La Mecque, prenez exemple sur Zul-Qarnain. Bien que grand souverain, conquérant et détenteur d'immenses ressources, il s'est toujours soumis à son Créateur, alors que vous vous rebellez contre Lui malgré votre insignifiance en comparaison. De plus, même s'il a érigé l'une des plus solides murailles de protection, sa véritable confiance résidait en Allah et non dans ce 'mur'. Il croyait que ce rempart pouvait le protéger de ses ennemis tant que c'était la volonté d'Allah, mais qu'il se fissurerait et se creuserait de brèches lorsque tel serait Son dessein. Tandis que vous, qui ne possédez que de modestes demeures fortifiées en comparaison, vous vous croyez définitivement à l'abri de tout malheur."

Un message intemporel

Alors que le Coran a retourné l'argumentation contre les sceptiques qui avaient tenté de "démasquer" le Prophète, la fin de la sourate réitère les mêmes messages qu'au début : "Le Tawhid et l'au-delà sont des vérités absolues. Pour votre propre salut, vous devez embrasser ces doctrines, rectifier votre conduite en conséquence et vivre en ce monde avec la conviction que vous êtes responsables devant Allah. Sinon, vous gâcherez votre existence et toutes vos actions seront réduites à néant."

Lire la sourate Al-Kahf en français

Versets
en arabe

بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـٰنِ الرَّحِيمِ Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي أَنزَلَ عَلَىٰ عَبْدِهِ الْكِتَابَ وَلَمْ يَجْعَل لَّهُ عِوَجًا ۜ

1/

Louange à Allah pour avoir révélé à Son serviteur le Coran qui, par Sa grâce, ne s’écarte jamais de la vérité.

قَيِّمًا لِّيُنذِرَ بَأْسًا شَدِيدًا مِّن لَّدُنْهُ وَيُبَشِّرَ الْمُؤْمِنِينَ الَّذِينَ يَعْمَلُونَ الصَّالِحَاتِ أَنَّ لَهُمْ أَجْرًا حَسَنًا

2/

Il est, au contraire, un livre d’une parfaite cohérence et sans aucune contradiction, destiné à avertir les hommes d’un terrible châtiment venant du Seigneur, à annoncer aux croyants qui font le bien qu’ils obtiendront une immense récompense,

مَّاكِثِينَ فِيهِ أَبَدًا

3/

dont ils jouiront à jamais,

وَيُنذِرَ الَّذِينَ قَالُوا اتَّخَذَ اللَّهُ وَلَدًا

4/

et à mettre en garde ceux qui prétendent qu’Allah s’est donné des enfants.

مَّا لَهُم بِهِ مِنْ عِلْمٍ وَلَا لِآبَائِهِمْ ۚ كَبُرَتْ كَلِمَةً تَخْرُجُ مِنْ أَفْوَاهِهِمْ ۚ إِن يَقُولُونَ إِلَّا كَذِبًا

5/

Ils n’en ont aucune preuve, pas plus que n’en avaient avant eux leurs ancêtres. Quel odieux blasphème et quel infâme mensonge profèrent-ils !

فَلَعَلَّكَ بَاخِعٌ نَّفْسَكَ عَلَىٰ آثَارِهِمْ إِن لَّمْ يُؤْمِنُوا بِهَـٰذَا الْحَدِيثِ أَسَفًا

6/

Tu vas peut-être te consumer de tristesse devant leur refus de croire en ce message.

إِنَّا جَعَلْنَا مَا عَلَى الْأَرْضِ زِينَةً لَّهَا لِنَبْلُوَهُمْ أَيُّهُمْ أَحْسَنُ عَمَلًا

7/

Nous avons, en vérité, fait de ce que porte la terre une parure pour cette dernière afin de mettre les hommes à l’épreuve et de voir qui d’entre eux accomplira les œuvres les plus méritoires.

وَإِنَّا لَجَاعِلُونَ مَا عَلَيْهَا صَعِيدًا جُرُزًا

8/

Puis Nous ferons disparaître tout ce qui se trouve à sa surface pour en faire une terre totalement désertique[761].

[761] A la fin du monde.

أَمْ حَسِبْتَ أَنَّ أَصْحَابَ الْكَهْفِ وَالرَّقِيمِ كَانُوا مِنْ آيَاتِنَا عَجَبًا

9/

Penses-tu que l’histoire des gens de la caverne et d’Ar-Raqîm[762] constitue le plus prodigieux de Nos miracles ?

[762] Nom de la stèle commémorative placée à l’entrée de la grotte, sur laquelle, expliquent nombre de commentateurs, furent gravés les noms et l’histoire de ces jeunes hommes qui pourraient être les Sept Dormants d’Ephèse. Pour d’autres, il s’agit du nom de leur cité ou de la montagne où se trouvait cette caverne.

إِذْ أَوَى الْفِتْيَةُ إِلَى الْكَهْفِ فَقَالُوا رَبَّنَا آتِنَا مِن لَّدُنكَ رَحْمَةً وَهَيِّئْ لَنَا مِنْ أَمْرِنَا رَشَدًا

10/

Lorsque, s’étant réfugiés dans une caverne[763], ces jeunes gens implorèrent : « Veuille, Seigneur, par un effet de Ta miséricorde, nous assister dans notre entreprise et nous ménager une issue favorable. »

[763] Fuyant les persécutions de leur peuple impie. Ces jeunes gens, selon nombre de commentateurs, étaient chrétiens.

فَضَرَبْنَا عَلَىٰ آذَانِهِمْ فِي الْكَهْفِ سِنِينَ عَدَدًا

11/

Nous les avons alors plongés dans un profond sommeil qui se prolongea de longues années.

ثُمَّ بَعَثْنَاهُمْ لِنَعْلَمَ أَيُّ الْحِزْبَيْنِ أَحْصَىٰ لِمَا لَبِثُوا أَمَدًا

12/

Nous les avons ensuite tirés de leur sommeil, afin de voir lequel des deux groupes[764] saurait le mieux évaluer la durée de leur séjour.

[764] En opposition sur cette question.

نَّحْنُ نَقُصُّ عَلَيْكَ نَبَأَهُم بِالْحَقِّ ۚ إِنَّهُمْ فِتْيَةٌ آمَنُوا بِرَبِّهِمْ وَزِدْنَاهُمْ هُدًى

13/

Nous allons te raconter leur histoire en toute vérité. Ce sont des jeunes gens qui ont cru en leur Seigneur et dont Nous avons renforcé la foi.

وَرَبَطْنَا عَلَىٰ قُلُوبِهِمْ إِذْ قَامُوا فَقَالُوا رَبُّنَا رَبُّ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ لَن نَّدْعُوَ مِن دُونِهِ إِلَـٰهًا ۖ لَّقَدْ قُلْنَا إِذًا شَطَطًا

14/

Nous avons raffermi leurs cœurs lorsqu’ils se sont levés pour proclamer : « Notre Maître est le Seigneur des cieux et de la terre. Jamais nous ne vénérerons d’autres divinités que Lui, sans quoi nous commettrions une grave injustice.

هَـٰؤُلَاءِ قَوْمُنَا اتَّخَذُوا مِن دُونِهِ آلِهَةً ۖ لَّوْلَا يَأْتُونَ عَلَيْهِم بِسُلْطَانٍ بَيِّنٍ ۖ فَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَىٰ عَلَى اللَّهِ كَذِبًا

15/

Les nôtres vouent un culte à d’autres divinités qu’Allah. Si seulement ils apportaient une preuve claire de la validité de leurs pratiques ! Qui donc est plus inique que celui qui ment sur Allah ?

وَإِذِ اعْتَزَلْتُمُوهُمْ وَمَا يَعْبُدُونَ إِلَّا اللَّهَ فَأْوُوا إِلَى الْكَهْفِ يَنشُرْ لَكُمْ رَبُّكُم مِّن رَّحْمَتِهِ وَيُهَيِّئْ لَكُم مِّنْ أَمْرِكُم مِّرْفَقًا

16/

Puisque nous avons décidé de fuir notre peuple et les fausses divinités qu’il vénère en dehors d’Allah, cherchons refuge dans une caverne. Notre Seigneur répandra sur nous de Ses grâces et ne manquera pas de nous faciliter toute chose utile. »

وَتَرَى الشَّمْسَ إِذَا طَلَعَت تَّزَاوَرُ عَن كَهْفِهِمْ ذَاتَ الْيَمِينِ وَإِذَا غَرَبَت تَّقْرِضُهُمْ ذَاتَ الشِّمَالِ وَهُمْ فِي فَجْوَةٍ مِّنْهُ ۚ ذَٰلِكَ مِنْ آيَاتِ اللَّهِ ۗ مَن يَهْدِ اللَّهُ فَهُوَ الْمُهْتَدِ ۖ وَمَن يُضْلِلْ فَلَن تَجِدَ لَهُ وَلِيًّا مُّرْشِدًا

17/

On voyait le soleil, à son lever, s’écarter à droite de la caverne et, à son coucher, s’écarter vers la gauche, tandis que les jeunes gens occupaient un large espace au centre de la grotte. C’est là un signe de la toute-puissance d’Allah. Quiconque est guidé par Allah ne peut que suivre le droit chemin, à l’inverse de ceux qu’Il laisse s’égarer, que nul ne saurait guider.

وَتَحْسَبُهُمْ أَيْقَاظًا وَهُمْ رُقُودٌ ۚ وَنُقَلِّبُهُمْ ذَاتَ الْيَمِينِ وَذَاتَ الشِّمَالِ ۖ وَكَلْبُهُم بَاسِطٌ ذِرَاعَيْهِ بِالْوَصِيدِ ۚ لَوِ اطَّلَعْتَ عَلَيْهِمْ لَوَلَّيْتَ مِنْهُمْ فِرَارًا وَلَمُلِئْتَ مِنْهُمْ رُعْبًا

18/

On les aurait cru éveillés alors qu’en réalité ils dormaient. Nous prenions soin de les retourner tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche, tandis que leur chien, pattes étendues, se trouvait à l’entrée. Si tu les avais surpris dans cet état, tu aurais certainement pris la fuite, rempli d’effroi.

وَكَذَٰلِكَ بَعَثْنَاهُمْ لِيَتَسَاءَلُوا بَيْنَهُمْ ۚ قَالَ قَائِلٌ مِّنْهُمْ كَمْ لَبِثْتُمْ ۖ قَالُوا لَبِثْنَا يَوْمًا أَوْ بَعْضَ يَوْمٍ ۚ قَالُوا رَبُّكُمْ أَعْلَمُ بِمَا لَبِثْتُمْ فَابْعَثُوا أَحَدَكُم بِوَرِقِكُمْ هَـٰذِهِ إِلَى الْمَدِينَةِ فَلْيَنظُرْ أَيُّهَا أَزْكَىٰ طَعَامًا فَلْيَأْتِكُم بِرِزْقٍ مِّنْهُ وَلْيَتَلَطَّفْ وَلَا يُشْعِرَنَّ بِكُمْ أَحَدًا

19/

Nous les avons alors tirés de leur sommeil et les uns se mirent à interroger les autres : « Combien de temps sommes-nous restés ici ? » Demanda l’un d’entre eux. « Un jour, ou peut-être moins », répondirent certains, avant de reconnaître : « Notre Seigneur connaît mieux que quiconque la durée de notre séjour. Que l’un de nous aille en ville avec cet argent et nous en rapporte les nourritures les plus pures. Qu’il agisse avec discrétion, afin de ne pas attirer l’attention.

إِنَّهُمْ إِن يَظْهَرُوا عَلَيْكُمْ يَرْجُمُوكُمْ أَوْ يُعِيدُوكُمْ فِي مِلَّتِهِمْ وَلَن تُفْلِحُوا إِذًا أَبَدًا

20/

Si ces gens venaient à nous découvrir, ils nous lapideraient ou nous ramèneraient de force à leur culte. Nous serions alors à jamais perdus. »

وَكَذَٰلِكَ أَعْثَرْنَا عَلَيْهِمْ لِيَعْلَمُوا أَنَّ وَعْدَ اللَّهِ حَقٌّ وَأَنَّ السَّاعَةَ لَا رَيْبَ فِيهَا إِذْ يَتَنَازَعُونَ بَيْنَهُمْ أَمْرَهُمْ ۖ فَقَالُوا ابْنُوا عَلَيْهِم بُنْيَانًا ۖ رَّبُّهُمْ أَعْلَمُ بِهِمْ ۚ قَالَ الَّذِينَ غَلَبُوا عَلَىٰ أَمْرِهِمْ لَنَتَّخِذَنَّ عَلَيْهِم مَّسْجِدًا

21/

Mais Nous avons fait en sorte qu’ils soient découverts au moment où les uns s’opposaient aux autres[765], afin qu’ils sachent que la promesse d’Allah ne peut que s’accomplir et que l’Heure sonnera inéluctablement[766]. Certains suggérèrent : « Condamnons l’entrée de la caverne. Leur Seigneur est le seul à connaître leur mystère. » Mais ceux qui eurent le dernier mot affirmèrent : « Nous allons plutôt ériger à cet endroit un sanctuaire. »

[765] Sur la réalité de la résurrection des corps, expliquent nombre d’exégètes, certains des habitants de la cité y croyant, d’autres la reniant. [766] Autre sens : mais Nous avons fait en sorte qu’ils soient découverts afin qu’ils sachent que la promesse d’Allah ne peut que s’accomplir et que l’Heure sonnera inéluctablement. Les uns s’opposèrent alors aux autres, certains…

سَيَقُولُونَ ثَلَاثَةٌ رَّابِعُهُمْ كَلْبُهُمْ وَيَقُولُونَ خَمْسَةٌ سَادِسُهُمْ كَلْبُهُمْ رَجْمًا بِالْغَيْبِ ۖ وَيَقُولُونَ سَبْعَةٌ وَثَامِنُهُمْ كَلْبُهُمْ ۚ قُل رَّبِّي أَعْلَمُ بِعِدَّتِهِم مَّا يَعْلَمُهُمْ إِلَّا قَلِيلٌ ۗ فَلَا تُمَارِ فِيهِمْ إِلَّا مِرَاءً ظَاهِرًا وَلَا تَسْتَفْتِ فِيهِم مِّنْهُمْ أَحَدًا

22/

Certains soutiendront qu’ils étaient au nombre de trois, leur chien étant le quatrième, tandis que d’autres affirmeront qu’ils étaient cinq, six avec leur chien. Simples suppositions avancées sans aucune conviction. D’autres, enfin, diront qu’ils étaient sept, huit avec leur chien. Dis : « Mon Seigneur connaît mieux que quiconque leur nombre dont bien peu sont informés. » Ne t’engage donc pas à leur propos dans de longues discussions, mais contente-toi de rappeler ce qui t’a été révélé sans interroger personne à ce sujet.

وَلَا تَقُولَنَّ لِشَيْءٍ إِنِّي فَاعِلٌ ذَٰلِكَ غَدًا

23/

Et ne dis jamais : « Je ferai telle chose demain »,

إِلَّا أَن يَشَاءَ اللَّهُ ۚ وَاذْكُر رَّبَّكَ إِذَا نَسِيتَ وَقُلْ عَسَىٰ أَن يَهْدِيَنِ رَبِّي لِأَقْرَبَ مِنْ هَـٰذَا رَشَدًا

24/

sans prendre soin d’ajouter : « Si Allah le veut. » Et si tu oublies, invoque le nom de ton Seigneur[767]. Et dis : « J’espère que mon Seigneur me guidera vers le chemin le plus droit. »

[767] En prononçant ces paroles, même après un laps de temps, précisent nombre d’exégètes.

وَلَبِثُوا فِي كَهْفِهِمْ ثَلَاثَ مِائَةٍ سِنِينَ وَازْدَادُوا تِسْعًا

25/

Ils demeurèrent dans leur caverne trois cents ans, auxquels ils ajoutent neuf années[768].

[768] Ils y restèrent endormis trois cents années solaires, ce qui équivaut à trois cent neuf années lunaires. En effet, la différence entre un siècle lunaire et un siècle solaire est de l’ordre de trois années. Le pronom « ils » désigneraient donc ici ceux, comme les chrétiens, qui, contrairement aux musulmans, utilisent l’année solaire. Rappelons que les gens de la caverne étaient, selon nombre de commentateurs, chrétiens, et que leur histoire - s’il s’agit bien des Sept Dormants d’Ephèse - est bien connue de ces derniers.

قُلِ اللَّهُ أَعْلَمُ بِمَا لَبِثُوا ۖ لَهُ غَيْبُ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ ۖ أَبْصِرْ بِهِ وَأَسْمِعْ ۚ مَا لَهُم مِّن دُونِهِ مِن وَلِيٍّ وَلَا يُشْرِكُ فِي حُكْمِهِ أَحَدًا

26/

Dis : « Allah connaît mieux que quiconque la durée de leur séjour. Lui seul connaît les mystères des cieux et de la terre. Comme Il voit et entend parfaitement ! Les hommes n’ont d’autre maître qu’Allah qui ne saurait associer qui que ce soit à Ses décrets. »

وَاتْلُ مَا أُوحِيَ إِلَيْكَ مِن كِتَابِ رَبِّكَ ۖ لَا مُبَدِّلَ لِكَلِمَاتِهِ وَلَن تَجِدَ مِن دُونِهِ مُلْتَحَدًا

27/

Récite ce qui t’a été révélé du Livre immuable de ton Seigneur en dehors de qui tu ne saurais trouver de refuge.

وَاصْبِرْ نَفْسَكَ مَعَ الَّذِينَ يَدْعُونَ رَبَّهُم بِالْغَدَاةِ وَالْعَشِيِّ يُرِيدُونَ وَجْهَهُ ۖ وَلَا تَعْدُ عَيْنَاكَ عَنْهُمْ تُرِيدُ زِينَةَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا ۖ وَلَا تُطِعْ مَنْ أَغْفَلْنَا قَلْبَهُ عَن ذِكْرِنَا وَاتَّبَعَ هَوَاهُ وَكَانَ أَمْرُهُ فُرُطًا

28/

Recherche patiemment la compagnie de ceux qui, matin et soir, invoquent leur Seigneur dans le seul espoir de Lui plaire[769]. Que ton regard ne se détache jamais d’eux pour se tourner vers les fastes éphémères de ce bas monde. N’obéis pas à celui que Nous avons rendu indifférent à Notre révélation et qui, porté aux excès, suit aveuglement ses passions.

[769] Voir note verset 52, sourate 6.

وَقُلِ الْحَقُّ مِن رَّبِّكُمْ ۖ فَمَن شَاءَ فَلْيُؤْمِن وَمَن شَاءَ فَلْيَكْفُرْ ۚ إِنَّا أَعْتَدْنَا لِلظَّالِمِينَ نَارًا أَحَاطَ بِهِمْ سُرَادِقُهَا ۚ وَإِن يَسْتَغِيثُوا يُغَاثُوا بِمَاءٍ كَالْمُهْلِ يَشْوِي الْوُجُوهَ ۚ بِئْسَ الشَّرَابُ وَسَاءَتْ مُرْتَفَقًا

29/

Dis : « Ceci est la vérité émanant de votre Seigneur. » Y croira qui voudra et la reniera qui voudra. Nous avons préparé aux impies un feu dont les flammes les cerneront de toutes parts. S’ils implorent de l’eau, ils seront abreuvés d’une eau en ébullition, tel du métal en fusion[770], qui leur brûlera le visage. Quelle horrible boisson et quelle infâme demeure !

[770] Ou : du marc d’huile.

إِنَّ الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ إِنَّا لَا نُضِيعُ أَجْرَ مَنْ أَحْسَنَ عَمَلًا

30/

Quant à ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres, qu’ils sachent que Nous ne laisserons jamais se perdre la récompense de ceux qui font le bien.

أُولَـٰئِكَ لَهُمْ جَنَّاتُ عَدْنٍ تَجْرِي مِن تَحْتِهِمُ الْأَنْهَارُ يُحَلَّوْنَ فِيهَا مِنْ أَسَاوِرَ مِن ذَهَبٍ وَيَلْبَسُونَ ثِيَابًا خُضْرًا مِّن سُندُسٍ وَإِسْتَبْرَقٍ مُّتَّكِئِينَ فِيهَا عَلَى الْأَرَائِكِ ۚ نِعْمَ الثَّوَابُ وَحَسُنَتْ مُرْتَفَقًا

31/

Ceux-là seront admis dans les jardins d’Eden où couleront à leurs pieds des rivières et où ils seront accoudés sur des lits somptueux, parés de bracelets d’or et revêtus d’habits verts de soie fine et de brocart. Quelle sublime récompense et quelle magnifique demeure !

وَاضْرِبْ لَهُم مَّثَلًا رَّجُلَيْنِ جَعَلْنَا لِأَحَدِهِمَا جَنَّتَيْنِ مِنْ أَعْنَابٍ وَحَفَفْنَاهُمَا بِنَخْلٍ وَجَعَلْنَا بَيْنَهُمَا زَرْعًا

32/

Propose-leur la parabole de deux hommes. A l’un[771], Nous avons donné deux vignobles séparés par un champ cultivé et bordés de dattiers.

[771] Le mécréant.

كِلْتَا الْجَنَّتَيْنِ آتَتْ أُكُلَهَا وَلَمْ تَظْلِم مِّنْهُ شَيْئًا ۚ وَفَجَّرْنَا خِلَالَهُمَا نَهَرًا

33/

Chacun des deux vignobles, entre lesquels Nous avons fait jaillir un ruisseau, donnait ses fruits sans que jamais la récolte ne faiblit.

وَكَانَ لَهُ ثَمَرٌ فَقَالَ لِصَاحِبِهِ وَهُوَ يُحَاوِرُهُ أَنَا أَكْثَرُ مِنكَ مَالًا وَأَعَزُّ نَفَرًا

34/

Disposant de fruits à profusion, il dit à son compagnon[772] au cours d’une discussion : « Je suis plus riche que toi et plus puissant par mon clan. »

[772] Le croyant.

وَدَخَلَ جَنَّتَهُ وَهُوَ ظَالِمٌ لِّنَفْسِهِ قَالَ مَا أَظُنُّ أَن تَبِيدَ هَـٰذِهِ أَبَدًا

35/

Pénétrant dans son jardin, coupable envers lui-même, il dit : « Je ne crois pas que tout ceci puisse un jour disparaître.

وَمَا أَظُنُّ السَّاعَةَ قَائِمَةً وَلَئِن رُّدِدتُّ إِلَىٰ رَبِّي لَأَجِدَنَّ خَيْرًا مِّنْهَا مُنقَلَبًا

36/

Je ne crois pas non plus que sonnera l’Heure. Et à supposer que je doive être ramené à mon Seigneur, je connaîtrai certainement un sort bien meilleur. »

قَالَ لَهُ صَاحِبُهُ وَهُوَ يُحَاوِرُهُ أَكَفَرْتَ بِالَّذِي خَلَقَكَ مِن تُرَابٍ ثُمَّ مِن نُّطْفَةٍ ثُمَّ سَوَّاكَ رَجُلًا

37/

Son compagnon répliqua : « Renies-tu Celui qui t’a créé de terre[773], puis d’un liquide insignifiant, avant de faire de toi un homme à la forme accomplie ?

[773] Entendons : qui a créé ton ancêtre, Adam, de terre.

لَّـٰكِنَّا هُوَ اللَّهُ رَبِّي وَلَا أُشْرِكُ بِرَبِّي أَحَدًا

38/

Pour ma part, j’ai pour Seigneur Allah auquel je n’associe aucune divinité.

وَلَوْلَا إِذْ دَخَلْتَ جَنَّتَكَ قُلْتَ مَا شَاءَ اللَّهُ لَا قُوَّةَ إِلَّا بِاللَّهِ ۚ إِن تَرَنِ أَنَا أَقَلَّ مِنكَ مَالًا وَوَلَدًا

39/

Si seulement, en entrant dans ton jardin, tu disais : “Telle est la volonté d’Allah, il n’est de force que par Allah”. Si tu me vois moins pourvu que toi en biens et en enfants,

فَعَسَىٰ رَبِّي أَن يُؤْتِيَنِ خَيْرًا مِّن جَنَّتِكَ وَيُرْسِلَ عَلَيْهَا حُسْبَانًا مِّنَ السَّمَاءِ فَتُصْبِحَ صَعِيدًا زَلَقًا

40/

il se peut que mon Seigneur m’accorde mieux que ton jardin et transforme ce dernier, par quelque calamité venant du ciel[774], en une terre glissante et inculte,

[774] A l’image d’une pluie torrentielle.

أَوْ يُصْبِحَ مَاؤُهَا غَوْرًا فَلَن تَسْتَطِيعَ لَهُ طَلَبًا

41/

ou que l’eau qui l’arrose se perde dans les profondeurs de la terre, sans que tu puisses en retrouver trace. »

وَأُحِيطَ بِثَمَرِهِ فَأَصْبَحَ يُقَلِّبُ كَفَّيْهِ عَلَىٰ مَا أَنفَقَ فِيهَا وَهِيَ خَاوِيَةٌ عَلَىٰ عُرُوشِهَا وَيَقُولُ يَا لَيْتَنِي لَمْ أُشْرِكْ بِرَبِّي أَحَدًا

42/

Sa récolte fut alors entièrement dévastée. Il se mit à se tordre les mains de dépit, se souvenant de tous les biens investis dans ce jardin à présent totalement détruit et s’exclamant : « Si seulement je m’étais gardé d’associer de fausses divinités à mon Seigneur ! »

وَلَمْ تَكُن لَّهُ فِئَةٌ يَنصُرُونَهُ مِن دُونِ اللَّهِ وَمَا كَانَ مُنتَصِرًا

43/

Aucun clan ne put le préserver du châtiment d’Allah dont il ne put lui-même se protéger.

هُنَالِكَ الْوَلَايَةُ لِلَّهِ الْحَقِّ ۚ هُوَ خَيْرٌ ثَوَابًا وَخَيْرٌ عُقْبًا

44/

Car, en pareil cas, Allah seul, la véritable divinité, est en mesure d’apporter Son assistance à Ses serviteur auxquels Il accorde toujours la récompense la plus généreuse et garantit toujours l’issue la plus heureuse.

وَاضْرِبْ لَهُم مَّثَلَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا كَمَاءٍ أَنزَلْنَاهُ مِنَ السَّمَاءِ فَاخْتَلَطَ بِهِ نَبَاتُ الْأَرْضِ فَأَصْبَحَ هَشِيمًا تَذْرُوهُ الرِّيَاحُ ۗ وَكَانَ اللَّهُ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ مُّقْتَدِرًا

45/

Propose-leur encore la parabole de cette vie, aussi éphémère qu’une végétation qui, arrosée par la pluie que Nous faisons descendre du ciel, se gorge d’eau et s’enchevêtre, mais finit par s’effriter avant d’être emportée par le vent. Allah a pouvoir sur toute chose.

الْمَالُ وَالْبَنُونَ زِينَةُ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا ۖ وَالْبَاقِيَاتُ الصَّالِحَاتُ خَيْرٌ عِندَ رَبِّكَ ثَوَابًا وَخَيْرٌ أَمَلًا

46/

Les richesses et les enfants sont la vaine parure de cette vie, contrairement aux bonnes œuvres qui laissent espérer une récompense plus généreuse et plus durable auprès de ton Seigneur.

وَيَوْمَ نُسَيِّرُ الْجِبَالَ وَتَرَى الْأَرْضَ بَارِزَةً وَحَشَرْنَاهُمْ فَلَمْ نُغَادِرْ مِنْهُمْ أَحَدًا

47/

Le Jour où Nous déplacerons les montagnes et que la terre, mise à découvert[775], apparaîtra dans toute son étendue, Nous les rassemblerons tous, sans négliger un seul individu.

[775] Une terre où nul ne pourra se dissimuler.

وَعُرِضُوا عَلَىٰ رَبِّكَ صَفًّا لَّقَدْ جِئْتُمُونَا كَمَا خَلَقْنَاكُمْ أَوَّلَ مَرَّةٍ ۚ بَلْ زَعَمْتُمْ أَلَّن نَّجْعَلَ لَكُم مَّوْعِدًا

48/

Les hommes, en rangs, comparaîtront devant ton Seigneur qui leur dira : « Vous voilà venus à Nous, tels que vous étiez lors de votre première création. Vous prétendiez pourtant que Nous ne mettrions jamais Nos menaces à exécution. »

وَوُضِعَ الْكِتَابُ فَتَرَى الْمُجْرِمِينَ مُشْفِقِينَ مِمَّا فِيهِ وَيَقُولُونَ يَا وَيْلَتَنَا مَالِ هَـٰذَا الْكِتَابِ لَا يُغَادِرُ صَغِيرَةً وَلَا كَبِيرَةً إِلَّا أَحْصَاهَا ۚ وَوَجَدُوا مَا عَمِلُوا حَاضِرًا ۗ وَلَا يَظْلِمُ رَبُّكَ أَحَدًا

49/

Le registre des œuvres sera alors déposé[776]. Les criminels, visiblement terrifiés par son contenu, diront : « Malheur à nous ! Qu’a donc ce livre à ne rien omettre, mais à recenser chaque péché mineur et chaque péché majeur ? » Ils y trouveront en effet chacune de leurs œuvres, sans que nul ne soit lésé par ton Seigneur.

[776] Dans la main droite pour les croyants et dans la gauche pour les mécréants, selon nombre d’exégètes.

وَإِذْ قُلْنَا لِلْمَلَائِكَةِ اسْجُدُوا لِآدَمَ فَسَجَدُوا إِلَّا إِبْلِيسَ كَانَ مِنَ الْجِنِّ فَفَسَقَ عَنْ أَمْرِ رَبِّهِ ۗ أَفَتَتَّخِذُونَهُ وَذُرِّيَّتَهُ أَوْلِيَاءَ مِن دُونِي وَهُمْ لَكُمْ عَدُوٌّ ۚ بِئْسَ لِلظَّالِمِينَ بَدَلًا

50/

Lorsque Nous avons ordonné aux anges de se prosterner devant Adam, tous se sont exécutés. Satan, quant à lui, étant du nombre des djinns, a transgressé l’ordre de son Seigneur. Choisirez-vous de le prendre, lui et sa descendance, pour maîtres en dehors de Moi, alors qu’ils sont vos ennemis ? Quel détestable choix que celui des impies !

مَّا أَشْهَدتُّهُمْ خَلْقَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ وَلَا خَلْقَ أَنفُسِهِمْ وَمَا كُنتُ مُتَّخِذَ الْمُضِلِّينَ عَضُدًا

51/

Je ne les ai pas fait assister et participer à la création des cieux et de la terre, ni même à leur propre création. Il ne me sied pas d’avoir recours à l’assistance de ceux qui égarent les hommes parmi les démons.

وَيَوْمَ يَقُولُ نَادُوا شُرَكَائِيَ الَّذِينَ زَعَمْتُمْ فَدَعَوْهُمْ فَلَمْ يَسْتَجِيبُوا لَهُمْ وَجَعَلْنَا بَيْنَهُم مَّوْبِقًا

52/

Le Jour de la résurrection, Allah dira aux païens : « Faites appel à ceux que vous prétendiez être Mes égaux. » Ils les appelleront au secours, mais en vain. Nous aurons placé entre eux une vallée de perdition.

وَرَأَى الْمُجْرِمُونَ النَّارَ فَظَنُّوا أَنَّهُم مُّوَاقِعُوهَا وَلَمْ يَجِدُوا عَنْهَا مَصْرِفًا

53/

Voyant le feu de l’Enfer, les criminels seront persuadés d’y être précipités, sans le moindre espoir d’y échapper.

وَلَقَدْ صَرَّفْنَا فِي هَـٰذَا الْقُرْآنِ لِلنَّاسِ مِن كُلِّ مَثَلٍ ۚ وَكَانَ الْإِنسَانُ أَكْثَرَ شَيْءٍ جَدَلًا

54/

Nous avons proposé aux hommes, dans le Coran, toutes sortes de paraboles et d’exemples édifiants. Mais l’homme est bien le plus acharné des disputeurs.

وَمَا مَنَعَ النَّاسَ أَن يُؤْمِنُوا إِذْ جَاءَهُمُ الْهُدَىٰ وَيَسْتَغْفِرُوا رَبَّهُمْ إِلَّا أَن تَأْتِيَهُمْ سُنَّةُ الْأَوَّلِينَ أَوْ يَأْتِيَهُمُ الْعَذَابُ قُبُلًا

55/

Qu’est-ce qui empêche les hommes de croire au message de vérité qui leur a été apporté et d’implorer le pardon de leur Seigneur ? Attendent-ils de subir le sort de leurs devanciers ou de voir de leurs propres yeux le châtiment fondre sur eux ?

وَمَا نُرْسِلُ الْمُرْسَلِينَ إِلَّا مُبَشِّرِينَ وَمُنذِرِينَ ۚ وَيُجَادِلُ الَّذِينَ كَفَرُوا بِالْبَاطِلِ لِيُدْحِضُوا بِهِ الْحَقَّ ۖ وَاتَّخَذُوا آيَاتِي وَمَا أُنذِرُوا هُزُوًا

56/

Nous n’envoyons les Messagers que pour annoncer la bonne nouvelle et mettre en garde l’humanité. Mais les mécréants usent de faux arguments pour réfuter la vérité, tournant en dérision Mes enseignements et Mes avertissements.

وَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّن ذُكِّرَ بِآيَاتِ رَبِّهِ فَأَعْرَضَ عَنْهَا وَنَسِيَ مَا قَدَّمَتْ يَدَاهُ ۚ إِنَّا جَعَلْنَا عَلَىٰ قُلُوبِهِمْ أَكِنَّةً أَن يَفْقَهُوهُ وَفِي آذَانِهِمْ وَقْرًا ۖ وَإِن تَدْعُهُمْ إِلَى الْهُدَىٰ فَلَن يَهْتَدُوا إِذًا أَبَدًا

57/

Qui donc se charge d’une plus grande iniquité que celui qui, exhorté à méditer Nos signes, s’en détourne en oubliant les méfaits qu’il a perpétrés ? Nous avons recouvert leurs cœurs de voiles qui les empêchent d’en saisir le sens et rendu leurs oreilles sourdes à la vérité. Tu auras beau les inviter à suivre le droit chemin, ils ne répondront jamais à ton appel.

وَرَبُّكَ الْغَفُورُ ذُو الرَّحْمَةِ ۖ لَوْ يُؤَاخِذُهُم بِمَا كَسَبُوا لَعَجَّلَ لَهُمُ الْعَذَابَ ۚ بَل لَّهُم مَّوْعِدٌ لَّن يَجِدُوا مِن دُونِهِ مَوْئِلًا

58/

Ton Seigneur est le Très Clément, le Dieu de miséricorde. Il pourrait dès à présent châtier les impies pour prix de leurs agissements, précipitant ainsi leur ruine, mais un terme est fixé pour leur châtiment auquel ils ne sauraient échapper.

وَتِلْكَ الْقُرَىٰ أَهْلَكْنَاهُمْ لَمَّا ظَلَمُوا وَجَعَلْنَا لِمَهْلِكِهِم مَّوْعِدًا

59/

Voyez ces cités que Nous avons anéanties en raison de leur iniquité. Nous avions assigné un terme pour leur destruction.

وَإِذْ قَالَ مُوسَىٰ لِفَتَاهُ لَا أَبْرَحُ حَتَّىٰ أَبْلُغَ مَجْمَعَ الْبَحْرَيْنِ أَوْ أَمْضِيَ حُقُبًا

60/

Moïse adressa un jour ces paroles à son serviteur : « Je n’aurai de cesse de progresser tant que je n’aurai pas atteint le lieu où se rejoignent les deux mers, dussé-je voyager de longues années. »

فَلَمَّا بَلَغَا مَجْمَعَ بَيْنِهِمَا نَسِيَا حُوتَهُمَا فَاتَّخَذَ سَبِيلَهُ فِي الْبَحْرِ سَرَبًا

61/

Mais, parvenus à l’endroit indiqué, les deux hommes oublièrent leur poisson qui se fraya un passage dans la mer.

فَلَمَّا جَاوَزَا قَالَ لِفَتَاهُ آتِنَا غَدَاءَنَا لَقَدْ لَقِينَا مِن سَفَرِنَا هَـٰذَا نَصَبًا

62/

Après avoir quitté les lieux, Moïse dit à son serviteur : « Apporte-nous notre déjeuner. Ce voyage nous a durement éprouvés. »

قَالَ أَرَأَيْتَ إِذْ أَوَيْنَا إِلَى الصَّخْرَةِ فَإِنِّي نَسِيتُ الْحُوتَ وَمَا أَنسَانِيهُ إِلَّا الشَّيْطَانُ أَنْ أَذْكُرَهُ ۚ وَاتَّخَذَ سَبِيلَهُ فِي الْبَحْرِ عَجَبًا

63/

Il répondit : « Te souviens-tu lorsque nous nous sommes arrêtés près du rocher ? Eh bien, j’ai oublié à cet endroit le poisson. Seul Satan d’ailleurs a pu me le faire oublier. » Le poisson s’est frayé de façon étonnante un passage dans la mer[777].

[777] Cette dernière phrase ferait donc partie des paroles d’Allah. Autre sens : « J’ai oublié à cet endroit de te parler du poisson qui, chose étonnante, s’est frayé un passage dans la mer. Seul Satan d’ailleurs a pu me le faire oublier. » Selon cette seconde interprétation, le serviteur a seulement oublié de parler à Moïse de la disparition du poisson qu’il a vu se frayer de façon étonnante un passage dans la mer.

قَالَ ذَٰلِكَ مَا كُنَّا نَبْغِ ۚ فَارْتَدَّا عَلَىٰ آثَارِهِمَا قَصَصًا

64/

Moïse dit : « Voilà justement le signe que nous attendions[778]. » Les deux hommes revinrent donc sur leurs pas.

[778] En effet, expliquent les commentateurs, Moïse fut informé par révélation que lorsqu’il perdrait le poisson qu’il avait emporté avec lui, il serait arrivé à destination, à l’endroit où devait se faire sa rencontre avec l’homme vertueux auquel la tradition musulmane donne le nom de « Khadir » et dont il sera fait mention au verset suivant.

فَوَجَدَا عَبْدًا مِّنْ عِبَادِنَا آتَيْنَاهُ رَحْمَةً مِّنْ عِندِنَا وَعَلَّمْنَاهُ مِن لَّدُنَّا عِلْمًا

65/

Ils finirent par trouver près du rocher l’un de Nos serviteurs que Nous avions comblé de Nos faveurs et doté d’un immense savoir.

قَالَ لَهُ مُوسَىٰ هَلْ أَتَّبِعُكَ عَلَىٰ أَن تُعَلِّمَنِ مِمَّا عُلِّمْتَ رُشْدًا

66/

Moïse lui fit cette demande : « Puis-je t’accompagner afin d’être initié à la sagesse qui t’a été enseignée ? »

قَالَ إِنَّكَ لَن تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْرًا

67/

L’homme répondit : « Tu ne pourras supporter ma compagnie.

وَكَيْفَ تَصْبِرُ عَلَىٰ مَا لَمْ تُحِطْ بِهِ خُبْرًا

68/

Comment, en effet, pourras-tu te taire devant des actes que tu ne parviendras pas à t’expliquer ? »

قَالَ سَتَجِدُنِي إِن شَاءَ اللَّهُ صَابِرًا وَلَا أَعْصِي لَكَ أَمْرًا

69/

Moïse dit : « Tu trouveras en moi, par la volonté d’Allah, un homme patient et toujours obéissant. »

قَالَ فَإِنِ اتَّبَعْتَنِي فَلَا تَسْأَلْنِي عَن شَيْءٍ حَتَّىٰ أُحْدِثَ لَكَ مِنْهُ ذِكْرًا

70/

L’homme dit : « Si tu dois m’accompagner, ne m’interroge sur aucun de mes gestes, mais attends que je t’en donne moi-même l’explication. »

فَانطَلَقَا حَتَّىٰ إِذَا رَكِبَا فِي السَّفِينَةِ خَرَقَهَا ۖ قَالَ أَخَرَقْتَهَا لِتُغْرِقَ أَهْلَهَا لَقَدْ جِئْتَ شَيْئًا إِمْرًا

71/

Ils se mirent donc en route avant de monter à bord d’un bateau auquel l’homme fit une brèche. Moïse s’indigna : « Pour quelle raison l’as-tu endommagé, pour en noyer les occupants ? Ton geste est inqualifiable ! »

قَالَ أَلَمْ أَقُلْ إِنَّكَ لَن تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْرًا

72/

L’homme dit : « Ne t’ai-je pas averti que tu ne pourrais supporter ma compagnie ? »

قَالَ لَا تُؤَاخِذْنِي بِمَا نَسِيتُ وَلَا تُرْهِقْنِي مِنْ أَمْرِي عُسْرًا

73/

Moïse s’excusa : « Ne m’en veux pas pour cet oubli. Montre-toi, au contraire, indulgent envers moi. »

فَانطَلَقَا حَتَّىٰ إِذَا لَقِيَا غُلَامًا فَقَتَلَهُ قَالَ أَقَتَلْتَ نَفْسًا زَكِيَّةً بِغَيْرِ نَفْسٍ لَّقَدْ جِئْتَ شَيْئًا نُّكْرًا

74/

Reprenant la route, ils rencontrèrent un garçon que l’homme tua. Moïse s’écria : « Tuer ainsi sans raison un être innocent ? Voilà un acte odieux ! »

قَالَ أَلَمْ أَقُل لَّكَ إِنَّكَ لَن تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْرًا

75/

L’homme dit : « Ne t’ai-je pas averti que tu perdrais rapidement patience en ma compagnie ? »

قَالَ إِن سَأَلْتُكَ عَن شَيْءٍ بَعْدَهَا فَلَا تُصَاحِبْنِي ۖ قَدْ بَلَغْتَ مِن لَّدُنِّي عُذْرًا

76/

Moïse dit : « Si je t’interroge encore une fois, tu pourras te séparer de moi. Tu as été suffisamment patient avec moi. »

فَانطَلَقَا حَتَّىٰ إِذَا أَتَيَا أَهْلَ قَرْيَةٍ اسْتَطْعَمَا أَهْلَهَا فَأَبَوْا أَن يُضَيِّفُوهُمَا فَوَجَدَا فِيهَا جِدَارًا يُرِيدُ أَن يَنقَضَّ فَأَقَامَهُ ۖ قَالَ لَوْ شِئْتَ لَاتَّخَذْتَ عَلَيْهِ أَجْرًا

77/

Poursuivant leur route, Moïse et son compagnon arrivèrent dans une cité dont les habitants, auxquels les deux hommes réclamèrent à manger, leur refusèrent l’hospitalité. Là, ils trouvèrent un mur sur le point de s’écrouler que l’homme décida de redresser. Moïse lui fit remarquer : « Tu pourrais, si tu le voulais, réclamer un salaire pour ce travail. »

قَالَ هَـٰذَا فِرَاقُ بَيْنِي وَبَيْنِكَ ۚ سَأُنَبِّئُكَ بِتَأْوِيلِ مَا لَمْ تَسْتَطِع عَّلَيْهِ صَبْرًا

78/

L’homme dit : « Voici donc venu le moment de nous séparer. Mais je vais avant cela t’expliquer les actes que tu n’as pu t’empêcher de condamner.

أَمَّا السَّفِينَةُ فَكَانَتْ لِمَسَاكِينَ يَعْمَلُونَ فِي الْبَحْرِ فَأَرَدتُّ أَنْ أَعِيبَهَا وَكَانَ وَرَاءَهُم مَّلِكٌ يَأْخُذُ كُلَّ سَفِينَةٍ غَصْبًا

79/

S’agissant du bateau, il appartenait à de pauvres travailleurs de la mer. J’ai voulu l’endommager car ils allaient au-devant d’un roi qui s’emparait de force de toute embarcation en bon état.

وَأَمَّا الْغُلَامُ فَكَانَ أَبَوَاهُ مُؤْمِنَيْنِ فَخَشِينَا أَن يُرْهِقَهُمَا طُغْيَانًا وَكُفْرًا

80/

Quant au garçon, nous avons eu peur qu’il ne pousse ses parents, qui étaient croyants, à transgresser la loi et à renier la foi.

فَأَرَدْنَا أَن يُبْدِلَهُمَا رَبُّهُمَا خَيْرًا مِّنْهُ زَكَاةً وَأَقْرَبَ رُحْمًا

81/

Nous avons voulu que leur Seigneur leur donne en échange un fils plus vertueux et plus affectueux.

وَأَمَّا الْجِدَارُ فَكَانَ لِغُلَامَيْنِ يَتِيمَيْنِ فِي الْمَدِينَةِ وَكَانَ تَحْتَهُ كَنزٌ لَّهُمَا وَكَانَ أَبُوهُمَا صَالِحًا فَأَرَادَ رَبُّكَ أَن يَبْلُغَا أَشُدَّهُمَا وَيَسْتَخْرِجَا كَنزَهُمَا رَحْمَةً مِّن رَّبِّكَ ۚ وَمَا فَعَلْتُهُ عَنْ أَمْرِي ۚ ذَٰلِكَ تَأْوِيلُ مَا لَمْ تَسْطِع عَّلَيْهِ صَبْرًا

82/

En ce qui concerne le mur, il appartenait à deux jeunes orphelins de la ville dont le père fut un homme vertueux. Sous le mur avait été enfoui un trésor à leur intention. Ton Seigneur, dans Sa miséricorde, a voulu que les deux orphelins déterrent eux-mêmes leur trésor une fois devenus adultes. Je n’ai à aucun moment agi de ma propre initiative[779]. Telle est l’explication des gestes que tu n’as pu t’empêcher de condamner. »

[779] Mais sur les ordres du Seigneur.

وَيَسْأَلُونَكَ عَن ذِي الْقَرْنَيْنِ ۖ قُلْ سَأَتْلُو عَلَيْكُم مِّنْهُ ذِكْرًا

83/

Ils t’interrogent au sujet de Dhou Al-Qarnayn[780]. Réponds-leur : « Je vais vous relater les faits les plus marquants de son épopée. »

[780] Littéralement : « l’homme aux deux cornes », roi qui domina une grande partie de la terre et qui, selon nombre de commentateurs, serait Alexandre le Grand, effectivement représenté sur les pièces de monnaie frappées à son effigie avec deux cornes de béliers. Celui qui est considéré comme le plus grand conquérant de l’Histoire atteignit les extrémités occidentale (avec l’Europe) et orientale (avec l’Inde) du monde connu à son époque en quelques années seulement, puisqu’il devint roi à seulement vingt ans et mourut à trente-trois ans. Le Coran précise toutefois, dès le début de son histoire, qu’il ne doit aucunement ce titre à son génie mais bien à l’assistance divine. Certains commentateurs doutent néanmoins que « l’homme aux deux cornes » du Coran, décrit comme un pieux croyant, puisse être Alexandre le Grand, connu pour son paganisme. Rappelons cependant qu’Alexandre le Grand est mentionné dans la Bible hébraïque.

إِنَّا مَكَّنَّا لَهُ فِي الْأَرْضِ وَآتَيْنَاهُ مِن كُلِّ شَيْءٍ سَبَبًا

84/

Nous avons assis son autorité sur terre en lui indiquant toutes les voies du succès[781].

[781] Militaire, notamment. Ce qui lui permit de conquérir la terre d’est en ouest, comme le montreront les versets suivants.

فَأَتْبَعَ سَبَبًا

85/

Il emprunta donc une voie

حَتَّىٰ إِذَا بَلَغَ مَغْرِبَ الشَّمْسِ وَجَدَهَا تَغْرُبُ فِي عَيْنٍ حَمِئَةٍ وَوَجَدَ عِندَهَا قَوْمًا ۗ قُلْنَا يَا ذَا الْقَرْنَيْنِ إِمَّا أَن تُعَذِّبَ وَإِمَّا أَن تَتَّخِذَ فِيهِمْ حُسْنًا

86/

qui le conduisit jusqu’au Couchant[782] où il lui sembla que le soleil se couchait dans une source boueuse[783] et où il trouva un peuple. Nous lui dîmes : « Dhou Al-Qarnayn ! Tu as le choix entre châtier ces gens ou te montrer à leur égard indulgent. »

[782] Jusqu’aux limites occidentales de la terre, précisent certains exégètes. [783] Ou : bouillante.

قَالَ أَمَّا مَن ظَلَمَ فَسَوْفَ نُعَذِّبُهُ ثُمَّ يُرَدُّ إِلَىٰ رَبِّهِ فَيُعَذِّبُهُ عَذَابًا نُّكْرًا

87/

Il répondit : « Quiconque, parmi eux, persistera dans l’impiété sera châtié avant d’être ramené à son Seigneur qui lui infligera d’affreux tourments.

وَأَمَّا مَنْ آمَنَ وَعَمِلَ صَالِحًا فَلَهُ جَزَاءً الْحُسْنَىٰ ۖ وَسَنَقُولُ لَهُ مِنْ أَمْرِنَا يُسْرًا

88/

Quant à celui qui croit et accomplit de bonnes œuvres, Nous lui accorderons la plus belle récompense et lui adresserons des mots bienveillants[784]. »

[784] Ou : des ordres faciles à exécuter.

ثُمَّ أَتْبَعَ سَبَبًا

89/

Il suivit ensuite une autre voie

حَتَّىٰ إِذَا بَلَغَ مَطْلِعَ الشَّمْسِ وَجَدَهَا تَطْلُعُ عَلَىٰ قَوْمٍ لَّمْ نَجْعَل لَّهُم مِّن دُونِهَا سِتْرًا

90/

qui lui permit d’atteindre le Levant[785] où il vit le soleil se lever sur un peuple que Nous avions laissé sans protection contre sa chaleur.

[785] Les limites orientales de la terre, précisent certains exégètes.

كَذَٰلِكَ وَقَدْ أَحَطْنَا بِمَا لَدَيْهِ خُبْرًا

91/

Il en fut ainsi. Nous connaissions parfaitement tous les moyens à sa disposition.

ثُمَّ أَتْبَعَ سَبَبًا

92/

Il emprunta encore une autre voie,

حَتَّىٰ إِذَا بَلَغَ بَيْنَ السَّدَّيْنِ وَجَدَ مِن دُونِهِمَا قَوْمًا لَّا يَكَادُونَ يَفْقَهُونَ قَوْلًا

93/

jusqu’à atteindre un défilé situé entre deux montagnes au-delà[786] desquelles il trouva un peuple comprenant difficilement le langage des autres nations.

[786] Ou : en-deçà.

قَالُوا يَا ذَا الْقَرْنَيْنِ إِنَّ يَأْجُوجَ وَمَأْجُوجَ مُفْسِدُونَ فِي الْأَرْضِ فَهَلْ نَجْعَلُ لَكَ خَرْجًا عَلَىٰ أَن تَجْعَلَ بَيْنَنَا وَبَيْنَهُمْ سَدًّا

94/

Ces gens lui demandèrent : « Dhou Al-Qarnayn ! Gog et Magog répandent le mal sur terre. Es-tu disposé à dresser entre ces gens et nous un barrage contre salaire ? »

قَالَ مَا مَكَّنِّي فِيهِ رَبِّي خَيْرٌ فَأَعِينُونِي بِقُوَّةٍ أَجْعَلْ بَيْنَكُمْ وَبَيْنَهُمْ رَدْمًا

95/

Il répondit : « L’autorité et les richesses que mon Seigneur m’a conférées valent bien mieux que votre argent. Aidez-moi seulement de vos mains à dresser ce barrage entre vous et ces gens.

آتُونِي زُبَرَ الْحَدِيدِ ۖ حَتَّىٰ إِذَا سَاوَىٰ بَيْنَ الصَّدَفَيْنِ قَالَ انفُخُوا ۖ حَتَّىٰ إِذَا جَعَلَهُ نَارًا قَالَ آتُونِي أُفْرِغْ عَلَيْهِ قِطْرًا

96/

Apportez-moi des blocs de fer. » Lorsque l’espace compris entre les deux montagnes fut comblé, il ordonna : « Allumez un feu et attisez-le ! » Quand le fer fut porté à incandescence, il dit : « Apportez-moi du cuivre fondu que je puisse verser par-dessus. »

فَمَا اسْطَاعُوا أَن يَظْهَرُوهُ وَمَا اسْتَطَاعُوا لَهُ نَقْبًا

97/

Gog et Magog ne purent donc franchir le barrage, et encore moins y pratiquer une brèche.

قَالَ هَـٰذَا رَحْمَةٌ مِّن رَّبِّي ۖ فَإِذَا جَاءَ وَعْدُ رَبِّي جَعَلَهُ دَكَّاءَ ۖ وَكَانَ وَعْدُ رَبِّي حَقًّا

98/

Dhou Al-Qarnayn affirma : « Ce barrage est une grâce de mon Seigneur. Mais le jour où s’accomplira Sa promesse, il sera, par Sa volonté, entièrement rasé. La promesse de Mon Seigneur se réalisera inéluctablement. »

وَتَرَكْنَا بَعْضَهُمْ يَوْمَئِذٍ يَمُوجُ فِي بَعْضٍ ۖ وَنُفِخَ فِي الصُّورِ فَجَمَعْنَاهُمْ جَمْعًا

99/

Ce jour-là, Nous les laisserons déferler les uns sur les autres. Il sera ensuite soufflé dans la Corne et tous les hommes seront, sur Notre ordre, rassemblés.

وَعَرَضْنَا جَهَنَّمَ يَوْمَئِذٍ لِّلْكَافِرِينَ عَرْضًا

100/

Ce Jour-là, Nous ferons clairement apparaître la Géhenne aux mécréants

الَّذِينَ كَانَتْ أَعْيُنُهُمْ فِي غِطَاءٍ عَن ذِكْرِي وَكَانُوا لَا يَسْتَطِيعُونَ سَمْعًا

101/

qui étaient aveugles à Nos signes et incapables d’entendre Nos avertissements.

أَفَحَسِبَ الَّذِينَ كَفَرُوا أَن يَتَّخِذُوا عِبَادِي مِن دُونِي أَوْلِيَاءَ ۚ إِنَّا أَعْتَدْنَا جَهَنَّمَ لِلْكَافِرِينَ نُزُلًا

102/

Ceux qui ont rejeté la foi pensent-ils pouvoir prendre Mes créatures pour maîtres en dehors de Moi ? Nous avons, en vérité, préparé pour les impies la Géhenne qui sera leur demeure éternelle.

قُلْ هَلْ نُنَبِّئُكُم بِالْأَخْسَرِينَ أَعْمَالًا

103/

Dis : « Voulez-vous connaître les hommes dont les œuvres sont les plus vaines ?

الَّذِينَ ضَلَّ سَعْيُهُمْ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَهُمْ يَحْسَبُونَ أَنَّهُمْ يُحْسِنُونَ صُنْعًا

104/

Ce sont ceux qui croient bien agir ici-bas alors qu’en réalité ils œuvrent en pure perte. »

أُولَـٰئِكَ الَّذِينَ كَفَرُوا بِآيَاتِ رَبِّهِمْ وَلِقَائِهِ فَحَبِطَتْ أَعْمَالُهُمْ فَلَا نُقِيمُ لَهُمْ يَوْمَ الْقِيَامَةِ وَزْنًا

105/

Voilà ceux qui, pour avoir renié les signes de leur Seigneur et Sa rencontre, ont perdu le bénéfice de leurs œuvres. Nous ne leur accorderons donc aucune valeur[787] le Jour de la résurrection.

[787] Littéralement : aucun poids. Certains commentateurs expliquent donc ce verset ainsi : leurs œuvres n’auront aucun poids dans la Balance.

ذَٰلِكَ جَزَاؤُهُمْ جَهَنَّمُ بِمَا كَفَرُوا وَاتَّخَذُوا آيَاتِي وَرُسُلِي هُزُوًا

106/

Voilà ceux qui sont voués à la Géhenne pour avoir rejeté la foi et tourné Mes signes et Mes Messagers en dérision.

إِنَّ الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ كَانَتْ لَهُمْ جَنَّاتُ الْفِرْدَوْسِ نُزُلًا

107/

Ceux qui auront cru et accompli de bonnes œuvres seront, quant à eux, reçus dans les plus hauts degrés du Paradis

خَالِدِينَ فِيهَا لَا يَبْغُونَ عَنْهَا حِوَلًا

108/

où ils séjourneront pour l’éternité, sans jamais désirer le quitter.

قُل لَّوْ كَانَ الْبَحْرُ مِدَادًا لِّكَلِمَاتِ رَبِّي لَنَفِدَ الْبَحْرُ قَبْلَ أَن تَنفَدَ كَلِمَاتُ رَبِّي وَلَوْ جِئْنَا بِمِثْلِهِ مَدَدًا

109/

Dis : « Si l’eau de la mer était une encre servant à transcrire les paroles de mon Seigneur, celle-ci se viderait avant que ne s’épuisent les paroles de mon Seigneur, même si Nous devions y ajouter d’autres mers encore. »

قُلْ إِنَّمَا أَنَا بَشَرٌ مِّثْلُكُمْ يُوحَىٰ إِلَيَّ أَنَّمَا إِلَـٰهُكُمْ إِلَـٰهٌ وَاحِدٌ ۖ فَمَن كَانَ يَرْجُو لِقَاءَ رَبِّهِ فَلْيَعْمَلْ عَمَلًا صَالِحًا وَلَا يُشْرِكْ بِعِبَادَةِ رَبِّهِ أَحَدًا

110/

Dis : « Je ne suis qu’un homme comme vous auquel il est révélé que votre Dieu est un dieu unique. Que celui donc qui espère rencontrer son Seigneur accomplisse de bonnes œuvres et n’associe nulle divinité au culte de son Seigneur. »

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