Sourate An-Nour (n°24) La Lumière
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Nom de la sourate
La sourate An Nur tire son appellation du verset 35, qui fait référence à la lumière divine.
Contexte de la révélation
La plupart des érudits s'accordent à dire que cette sourate a été révélée suite à l'expédition contre les Bani al-Mustaliq, comme en témoignent les versets 11 à 20 qui évoquent l'incident de la "calomnie" survenu durant cette campagne. Cependant, il existe une divergence quant à la datation précise de cette expédition, certains la situant en l'an 5 de l'Hégire, avant la bataille du Fossé, d'autres en l'an 6, après celle-ci.
Déterminer cette chronologie est crucial pour établir si la sourate An-Nur a été révélée avant ou après la sourate Al-Ahzab (XXXIII), qui contient également des injonctions relatives au port du voile par les femmes. Il est fort probable que la sourate Al-Ahzab ait été révélée lors de la bataille du Fossé.
Si cette bataille s'est déroulée antérieurement, cela signifierait que les premières instructions concernant le voile ont été énoncées dans la sourate Al-Ahzab, puis complétées ultérieurement par les commandements de la sourate An-Nur. En revanche, si l'expédition contre les Bani al-Mustaliq a eu lieu plus tôt, l'ordre chronologique des injonctions serait inversé, rendant plus complexe la compréhension des implications des commandements de cette sourate.
Selon Ibn Sa'd, l'expédition contre les Bani al Mustaliq s'est déroulée au mois de Shaban de l'an 5 de l'Hégire, tandis que la bataille du Fossé a eu lieu au mois de Zil-Qa'dah de la même année. Cette thèse s'appuie sur les récits d'Aïcha relatifs à la "calomnie", mentionnant un différend entre Sa'd bin Ubadah et Sa'd bin Mu'az, ce dernier étant décédé, selon des sources fiables, pendant la campagne contre les Bani Quraizah, qui a suivi immédiatement la bataille du Fossé. Il apparaît donc évident qu'il ne pouvait être présent en l'an 6 pour prendre part à une dispute liée à la "calomnie".
Selon Muhammad bin Ishaq, la bataille du Fossé s'est déroulée au mois de Shawwal de l'an 5, et l'expédition contre les Bani al-Mustaliq au mois de Sha'ban de l'an 6. Cette opinion est corroborée par de nombreux hadiths authentiques rapportés par Aïcha et d'autres, indiquant que : (1) les injonctions relatives au voile avaient été révélées dans la sourate Al-Ahzab avant l'incident de la "calomnie", (2) le Prophète avait épousé Zaynab au mois de Zil-Qa'dah de l'an 5, après la bataille du Fossé, (3) Hamnah, sœur de Zaynab, avait joué un rôle central dans la propagation de la "calomnie", motivée par la rivalité entre sa sœur et Aïcha.
En examinant de plus près ces deux thèses, on constate que le seul argument en faveur de la première est la mention de la présence de Sa'd bin Mu'az lors d'un différend lié à la "calomnie". Cependant, cet argument est fragilisé par d'autres récits d'Aïcha, qui évoquent plutôt Usaid bin Hudair dans ce contexte, suggérant une possible confusion dans la transmission des hadiths.
De plus, accepter la première thèse sur la seule base de la mention de Sa'd bin Mu'az dans certains récits soulève d'autres difficultés insolubles. Il faudrait alors admettre que la révélation des commandements sur le voile et le mariage du Prophète avec Zaynab ont eu lieu avant la bataille du Fossé, ce qui contredit le Coran et diverses narrations authentiques situant ces événements après cette bataille et la campagne contre les Bani Quraizah.
C'est pourquoi des savants éminents tels qu'Ibn Hazm et Ibn Qayyim ont considéré la thèse de Muhammad bin Ishaq comme la plus juste, opinion que nous partageons. Nous en concluons donc que la sourate Al-Ahzab a été révélée avant la sourate An-Nur, qui est apparue dans la seconde moitié de l'an 6 de l'Hégire, plusieurs mois après la sourate Al-Ahzab.
Toile de fond historique
Plongeons-nous dans le contexte qui prévalait lors de la révélation de cette sourate. Il est crucial de se rappeler que l'incident de la "Calomnie", qui a motivé sa révélation, était intimement lié à la confrontation entre l'Islam et les mécréants.
Suite au triomphe de Badr, le mouvement Islamique a connu un essor tel qu'au moment de la bataille du Fossé, il était devenu si puissant que les forces ennemies coalisées (plus de dix mille hommes) ont échoué à l'anéantir, et ont dû lever le siège d'Al Médine après un mois. Les deux camps ont réalisé que la guerre d'agression menée depuis des années par les mécréants touchait à sa fin. Le Prophète lui-même a affirmé : "Désormais, les Quraychites ne pourront plus vous attaquer ; c'est vous qui passerez à l'offensive."
Lorsque les mécréants ont compris qu'ils ne pouvaient vaincre l'Islam sur le champ de bataille, ils ont opté pour le front moral afin de poursuivre le conflit. Il est difficile de déterminer si ce revirement stratégique résultait de concertations réfléchies ou s'il était la conséquence inéluctable de leur retraite humiliante lors de la bataille du Fossé, pour laquelle ils avaient mobilisé toutes leurs forces disponibles. Ils savaient pertinemment que l'essor de l'Islam n'était dû ni à la supériorité numérique des musulmans, ni à celle de leur armement et de leurs ressources matérielles. Au contraire, les musulmans affrontaient des odds redoutables sur tous ces plans. Leur succès reposait sur leur supériorité morale. Leurs ennemis ont réalisé que les qualités pures et nobles du Prophète et de ses disciples séduisaient les cœurs et les esprits, et les soudaient en une communauté hautement disciplinée. Ainsi, ils surclassaient les polythéistes et les juifs tant en temps de paix que de guerre, car ces derniers manquaient de discipline et de caractère.
Dans ce contexte, les desseins pervers des mécréants les ont poussés à lancer une campagne de diffamation contre le Prophète et les musulmans pour saper le rempart moral qui les aidait à vaincre leurs ennemis. Leur stratégie consistait à s'appuyer sur les hypocrites pour colporter des calomnies contre le Prophète et ses disciples, afin que les polythéistes et les juifs puissent les exploiter pour semer la discorde parmi les musulmans et miner leur discipline.
La première occasion d'appliquer cette nouvelle stratégie s'est présentée en Zil-Qa'dah 5 A.H., lorsque le Prophète a épousé Hadrat Zainab (fille de Jahsh), ex-épouse de son fils adoptif, Zaid bin Harithah. Le Prophète avait arrangé ce mariage pour mettre fin à la coutume préIslamique qui accordait au fils adoptif le même statut qu'au fils biologique. Les hypocrites y ont vu une opportunité rêvée de vilipender le Prophète au sein même de la communauté, tandis que les juifs et les polythéistes l'ont exploitée de l'extérieur pour ternir sa réputation par une calomnie malveillante. Des histoires fantaisistes ont été concoctées et propagées, prétendant que Muhammad (que la paix d'Allah soit sur lui) avait aperçu par hasard la femme de son fils adoptif, en était tombé amoureux, avait manœuvré pour obtenir son divorce et l'avait épousée. Bien que totalement fictive, cette rumeur a été diffusée avec tant d'habileté et de ruse qu'elle a atteint son but, au point que certains traditionalistes et commentateurs musulmans en ont repris des éléments dans leurs écrits, et que les orientalistes les ont pleinement exploités pour dénigrer le Prophète. En réalité, Hadrat Zainab n'a jamais été une étrangère pour le Prophète, qu'il aurait vue par hasard et dont il serait tombé amoureux au premier regard. Elle était sa cousine germaine, fille de sa tante paternelle Umaimah, elle-même fille d'Abdul Muttalib. Il la connaissait depuis l'enfance. Un an avant cet incident, il l'avait lui-même persuadée d'épouser Hadrat Zaid pour démontrer concrètement l'égalité entre Quraychites et esclaves affranchis. Comme elle ne s'est jamais réconciliée avec son mariage avec un ancien esclave, leur entente n'a pas duré, conduisant inévitablement au divorce. Ces faits étaient notoires, mais les calomniateurs ont réussi leur propagande mensongère, si bien qu'aujourd'hui encore, certains exploitent cet épisode pour diffamer l'Islam.
La seconde calomnie visait l'honneur de Hadrat Ayesha, épouse du Prophète, en lien avec un événement survenu lors du retour d'une expédition contre les Bani al-Mustaliq. Cette attaque, plus virulente encore que la première, constituant le contexte principal de cette sourate, mérite un examen approfondi.
L'un des principaux instigateurs de cette calomnie fut l'hypocrite Abdullah bin Ubayy, véritable scélérat dans cette affaire. Membre du clan des Khazraj, il était l'un des chefs les plus influents de Médine. Avant l'arrivée du Prophète, les habitants envisageaient même de le couronner roi, projet avorté par le cours des événements. Bien que converti à l'Islam, il demeurait un hypocrite invétéré, au point d'être surnommé le "Chef des hypocrites". Jamais il ne manquait une occasion de dénigrer l'Islam pour assouvir sa vengeance.
Revenons à présent au cœur du sujet. En Sha'ban 6 A.H., le Prophète, informé que les Bani al-Mustaliq se préparaient à attaquer les musulmans et cherchaient des alliés, décida de prendre l'initiative et de surprendre l'ennemi. Après avoir capturé le clan et ses biens, il fit halte près de Muraisi, une source sur leur territoire.
Un jour, une querelle éclata entre un serviteur de Hadrat Umar et un allié des Khazraj au sujet du partage de l'eau, dégénérant en dispute entre les Muhajirs (immigrants) et les Ansar (musulmans de Médine), rapidement apaisée. Cependant, cet incident contrariait les plans d'Abdullah bin Ubayy, qui avait rejoint l'expédition avec de nombreux hypocrites. Il se mit à inciter les Ansar, déclarant : "Vous avez accueilli ces gens de Quraish, partagé vos richesses avec eux, et les voilà devenus vos rivaux, cherchant à vous dominer. Si vous leur retirez votre soutien, ils seront contraints de quitter votre cité." Puis il jura : "Dès notre retour à Médine, les nobles chasseront les vils de la ville."
Informé de ces propos, le Saint Prophète ordonna un départ immédiat pour Médine. La marche forcée se poursuivit jusqu'au lendemain midi sans halte, épuisant les gens et les empêchant de bavarder.
Par ce sage jugement et cette action prompte, le Prophète déjoua les manigances d'Abdullah bin Ubayy, qui trouva plus tard une occasion de nuire bien davantage en orchestrant une "Calomnie" contre Hadrat Ayesha, manquant de précipiter la jeune communauté musulmane dans une guerre civile. Seules la sagesse, la patience et la discipline admirables du Prophète et de ses fidèles permirent d'y faire face. Pour comprendre les événements ayant conduit à cette "Calomnie", laissons Hadrat Ayesha nous les relater.
Le témoignage de Hadrat Ayesha
"Lors de ses voyages, le Saint Prophète tirait au sort laquelle de ses épouses l'accompagnerait. Pour l'expédition contre les Bani al-Mustaliq, le sort me désigna. Sur le chemin du retour, le Prophète fit halte pour la nuit à la dernière étape avant Médine. Dans l'obscurité, alors que les préparatifs du départ commençaient, je m'éloignai du camp pour me soulager. De retour, je réalisai que mon collier avait disparu. Partie à sa recherche, je fus laissée seule, la caravane étant repartie entre-temps. Les porteurs de ma litière l'avaient placée sur mon chameau sans remarquer qu'elle était vide, mon poids léger dû au manque de nourriture passant inaperçu. M'enveloppant dans mon drap, je m'allongeai, espérant qu'une équipe de recherche viendrait me chercher lorsqu'on réaliserait mon absence. Je finis par m'endormir. Au matin, Safwan bin Mu'attal Sulami passa par là, me reconnut car il m'avait vue plusieurs fois avant l'instauration du purdah. Me voyant, il arrêta son chameau et s'écria spontanément : "Comme c'est triste ! L'épouse du Saint Prophète a été laissée ici !" Je me réveillai en sursaut et couvris mon visage. Sans un mot de plus, il fit agenouiller son chameau près de moi et s'écarta pendant que je grimpais. Il mena le chameau par la corde du nez et nous rejoignîmes la caravane vers midi, alors qu'elle venait de s'arrêter et que personne n'avait encore remarqué mon absence. J'appris plus tard que cet incident avait servi à me calomnier, Abdullah bin Ubayy étant le premier à le faire. (Selon d'autres récits, lorsque j'atteignis le camp sur le chameau conduit par Safwan, Abdullah bin Ubayy s'écria : "Par Dieu, elle n'a pu rester chaste. Voyez, voici l'épouse de votre Prophète ouvertement sur le chameau de celui avec qui elle a passé la nuit.")
Lorsque je suis arrivée à Médine, j'ai contracté une maladie qui m'a clouée au lit pendant plus d'un mois. Bien que j'étais inconsciente, la rumeur de la "Calomnie" se propageait comme une traînée de poudre dans la ville, atteignant même le Saint Prophète. J'ai remarqué qu'il semblait moins préoccupé par mon état de santé qu'à l'accoutumée. Il venait, mais sans s'adresser directement à moi, se contentant de demander aux autres comment j'allais avant de repartir. Cela m'a troublée, me laissant penser que quelque chose n'allait pas. J'ai alors décidé de lui demander la permission de me rendre chez ma mère pour recevoir de meilleurs soins.
Une nuit, alors que j'étais chez elle, je suis sortie en compagnie de la mère de Mistah, cousine germaine de ma mère, pour me soulager. En marchant, elle a trébuché et s'est spontanément écriée : "Que Mistah périsse !" Surprise, je lui ai répondu : "Comment peux-tu maudire ton propre fils, celui qui a combattu à Badr ?" Elle m'a alors révélé : "Ma chère enfant, ignores-tu les calomnies qu'il répand ?" Puis elle m'a raconté en détail la campagne de diffamation. (Outre les hypocrites, certains musulmans sincères y avaient pris part, notamment Mistah, Hassan bin Thabit, célèbre poète de l'Islam, et Hamnah, fille de Jahsh et sœur de Hadrat Zainab). En entendant cette terrible histoire, j'ai été glacée d'effroi et suis rentrée immédiatement, passant le reste de la nuit à pleurer.
Pendant mon absence, le Saint Prophète a consulté Ali et Usamah bin Zaid à ce sujet. Usamah a pris ma défense, affirmant : "Ô Messager d'Allah, nous n'avons rien trouvé d'autre que du bien chez ton épouse. Tout ce qui se dit à son sujet n'est que mensonge et calomnie." Quant à Ali, il a suggéré : "Ô Messager d'Allah, les femmes ne manquent pas ; tu peux, si tu le souhaites, en épouser une autre. Cependant, si tu veux enquêter sur cette affaire, tu peux convoquer sa servante et l'interroger." La servante a donc été appelée et questionnée. Elle a répondu : "Je jure par Allah, Qui t'a envoyé avec la Vérité, que je n'ai jamais rien vu de mal chez elle, si ce n'est qu'elle s'endort quand je lui demande de surveiller la pâte pendant mon absence, et qu'une chèvre vient la manger."
Ce jour-là, le Saint Prophète s'est adressé au peuple depuis la chaire, déclarant : "Ô musulmans, qui parmi vous défendra mon honneur face à celui qui a transgressé toutes les limites en me portant préjudice en calomniant mon épouse ? Par Dieu, j'ai mené une enquête approfondie et n'ai rien trouvé de répréhensible chez elle ni chez l'homme dont le nom a été associé à cette "Calomnie"". Usaid bin Hudair (ou Sa'd bin Mauz, selon d'autres récits) s'est alors levé et a déclaré : "Ô Messager d'Allah, si cette personne appartient à notre clan, nous l'exécuterons nous-mêmes, mais si elle est du clan Khazraj, nous la tuerons sur ton ordre." À ces mots, Sa'd bin 'Ubadah, chef du clan Khazraj, s'est levé et a rétorqué : "Tu mens, tu ne pourras jamais le tuer. Tu dis cela uniquement parce qu'il est de notre clan. Si elle avait été du tien, tu n'aurais jamais tenu de tels propos." Hadrat Usaid a répliqué : "Tu es un hypocrite, c'est pourquoi tu défends un hypocrite." Un tumulte général a alors éclaté dans la mosquée, menaçant de dégénérer en émeute malgré la présence constante du Saint Prophète. Mais il a su apaiser leur colère et est descendu de la chaire.
Conclusion
Les détails supplémentaires de cet incident seront mentionnés dans notre commentaire du Texte, qui a innocenté Hadrat Aishah de tout blâme. Cependant, nous souhaitons ici souligner l'ampleur de la malveillance orchestrée par Abdullah bin Ubayy : (1) Il s'agissait d'une attaque contre l'honneur du Saint Prophète et de Hadrat Abu Bakr Siddiq. (2) Il cherchait à saper la supériorité morale qui constituait le plus grand atout du Mouvement Islamique. (3) Son intention était de provoquer une guerre civile entre les Muhajirs et les Ansar, ainsi qu'entre les clans Aus et Khazraj des Ansar.
Sujets et objectifs
Cette sourate, ainsi que les versets 28 à 73 de la sourate Al-Ahzab, ont été révélés dans le but de consolider le front moral de la communauté musulmane, qui était alors la cible principale des attaques. Les versets 28 à 73 d'Al-Ahzab traitent du mariage du Prophète avec Hadrat Zainab. Lors de la seconde offensive (la "calomnie" sur Hadrat Aishah), la sourate An-Nur a été révélée pour réparer les brèches apparues dans l'unité des musulmans. Garder cela à l'esprit en étudiant ces deux sourates permet de saisir la sagesse derrière les prescriptions sur le purdah (voile).
Pour renforcer le front moral et contrer la vague de propagande déclenchée par le mariage de Hazrat Zainab, Allah a envoyé les directives suivantes :
- Les épouses du Prophète doivent rester dans leurs appartements, éviter d'exhiber leurs atours et faire preuve de prudence dans leurs échanges avec autrui (versets 32 et 33).
- Les autres musulmans ne doivent pas entrer dans les chambres privées du Prophète et solliciter ce qu'ils désirent derrière un rideau (verset 53).
- Une distinction est établie entre parents mahram et non-mahram. Seuls les premiers, ayant des liens de parenté si étroits qu'ils interdisent le mariage, peuvent entrer dans les chambres des épouses du Prophète (verset 55).
- Les épouses du Prophète sont interdites aux musulmans comme leurs propres mères ; chacun doit donc les considérer avec les intentions les plus pures (versets 53 et 54).
- Offenser le Prophète expose à la malédiction et au châtiment d'Allah. De même, attaquer l'honneur ou calomnier tout musulman ou musulmane est un péché odieux (versets 57 et 58).
- Toutes les musulmanes doivent se couvrir le visage de leurs voiles lorsqu'elles sortent (verset 59).
Lors de la seconde attaque, cette sourate a été révélée pour préserver la pureté et renforcer la fibre morale de la société musulmane, ébranlée par l'énormité de la calomnie. Voici un résumé chronologique des commandements et instructions, pour comprendre comment le Coran saisit l'occasion psychologique de réformer la communauté par des mesures légales, morales et sociales :
- La fornication, déjà déclarée crime social (versets 15 et 16 de la sourate IV), devient une infraction pénale passible de cent coups de fouet.
- Le boycott des hommes et femmes adultères est ordonné, et il est interdit aux musulmans de les épouser.
- Quiconque accuse autrui d'adultère sans produire quatre témoins doit être puni de quatre-vingts coups de fouet.
- La loi du Li'an est prescrite pour trancher l'accusation d'adultère d'un mari envers sa femme.
- Les musulmans sont exhortés à tirer une leçon de l'incident de la "calomnie" sur Hadrat Aishah : être prudents face aux accusations d'adultère contre les personnes de bonne réputation, ne pas les propager mais les réfuter et les réprimer immédiatement. Un principe général est énoncé : le conjoint approprié pour un homme pur est une femme pure, et vice versa. Sachant que le Prophète était l'être humain le plus pur, comment croire qu'il ait pu trouver le bonheur avec une femme méchante et l'exalter comme la plus aimée de ses épouses ? Une femme adultère n'aurait pu tromper un homme aussi pur que le Prophète. De plus, l'accusateur était mesquin tandis que l'accusée était pure. Cela aurait dû suffire à convaincre que l'accusation ne méritait aucune considération.
- Ceux qui propagent des rumeurs malveillantes dans la communauté musulmane méritent une punition, non des encouragements.
- Un principe général est établi : les relations dans la communauté musulmane doivent être basées sur la bonne foi, non la suspicion. Chacun doit être traité comme innocent jusqu'à preuve de sa culpabilité, et vice versa.
- Il est interdit d'entrer chez autrui sans invitation et il faut solliciter la permission.
- Hommes et femmes doivent baisser le regard et ne pas se lancer d'œillades.
- Les femmes doivent se couvrir la tête et la poitrine même à l'intérieur de leur maison.
- Il est interdit aux femmes de se maquiller devant d'autres hommes, sauf leurs serviteurs ou parents avec lesquels le mariage est prohibé.
- Elles doivent cacher leur maquillage en sortant et ne pas porter d'ornements qui tintent.
- Le mariage est encouragé, même pour les esclaves, car les célibataires contribuent à propager l'indécence.
- L'esclavage est découragé et les propriétaires sont enjoints d'aider financièrement les esclaves à gagner leur liberté par la loi du Mukatabat.
- La prostitution par les esclaves filles, confinée à cette classe en Arabie, est interdite, impliquant l'interdiction légale de la prostitution.
- La sainteté de la vie privée au foyer est prescrite même pour les serviteurs et les enfants mineurs, qui ne doivent pas entrer dans les chambres privées sans permission, surtout le matin, à midi et le soir.
- Les femmes âgées peuvent mettre de côté leurs voiles à l'intérieur, mais doivent s'abstenir d'exhiber leurs parures. Il est préférable pour elles de rester voilées.
- Les aveugles, boiteux, infirmes et malades sont autorisés à prendre de la nourriture chez autrui sans permission, cela ne devant pas être traité comme vol ou tricherie.
- Les musulmans sont encouragés à développer des relations mutuelles en mangeant ensemble. Parents proches et amis intimes peuvent manger chez l'autre sans invitation formelle, pour susciter affection et sincérité, et contrer toute future méchanceté.
- Parallèlement, des signes clairs distinguant croyants et hypocrites sont énoncés, permettant à chaque musulman de les différencier. La communauté est liée par des mesures disciplinaires pour la rendre plus forte et solide qu'à l'époque, décourageant les ennemis de créer des méfaits.
L'aspect le plus remarquable de ce discours est son absence d'amertume, pourtant inévitable après des attaques aussi honteuses et absurdes. Au lieu de colère face à cette provocation, il prescrit lois, règlements, commandements réformateurs et instructions sages, nécessaires à l'époque pour éduquer et former la communauté. Cela nous apprend à traiter ce genre de méfaits provocateurs avec sang-froid, sagesse et générosité.
C'est aussi une preuve évidente qu'il ne s'agit pas des paroles du prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui), mais du Créateur qui observe toutes les conditions et affaires humaines, et guide sa création sans préjugé, sentiment ou penchant personnel. Si cela avait été la parole du Prophète, il y aurait eu au moins une teinte d'amertume naturelle malgré sa grande générosité et sa longanimité, car il est humain qu'un homme noble s'enrage naturellement lorsque son propre honneur est attaqué de cette manière mesquine.
Lire la sourate An-Nour en français
en arabe
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـٰنِ الرَّحِيمِ Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
سُورَةٌ أَنزَلْنَاهَا وَفَرَضْنَاهَا وَأَنزَلْنَا فِيهَا آيَاتٍ بَيِّنَاتٍ لَّعَلَّكُمْ تَذَكَّرُونَ
1/Voici une sourate que Nous révélons et dont Nous imposons les prescriptions, une sourate aux versets parfaitement clairs afin de vous amener à réfléchir.
الزَّانِيَةُ وَالزَّانِي فَاجْلِدُوا كُلَّ وَاحِدٍ مِّنْهُمَا مِائَةَ جَلْدَةٍ ۖ وَلَا تَأْخُذْكُم بِهِمَا رَأْفَةٌ فِي دِينِ اللَّهِ إِن كُنتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ ۖ وَلْيَشْهَدْ عَذَابَهُمَا طَائِفَةٌ مِّنَ الْمُؤْمِنِينَ
2/Infligez cent coups de fouet à quiconque, homme ou femme, se livre à la fornication. Ne renoncez pas, par pitié pour les coupables, à appliquer la loi divine, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Et qu’un groupe de croyants assiste à l’exécution de la peine.
الزَّانِي لَا يَنكِحُ إِلَّا زَانِيَةً أَوْ مُشْرِكَةً وَالزَّانِيَةُ لَا يَنكِحُهَا إِلَّا زَانٍ أَوْ مُشْرِكٌ ۚ وَحُرِّمَ ذَٰلِكَ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ
3/Le fornicateur ne peut s’adonner au péché de la chair qu’avec une fornicatrice ou une païenne, de même que la fornicatrice ne peut se livrer au péché de la chair qu’avec un fornicateur ou un païen. De telles relations sont interdites aux croyants[905].
[905] Autre sens : le fornicateur ne peut épouser qu’une fornicatrice ou une païenne, de même que la fornicatrice ne peut devenir la femme que d’un fornicateur ou d’un païen. De telles unions sont interdites aux croyants.
وَالَّذِينَ يَرْمُونَ الْمُحْصَنَاتِ ثُمَّ لَمْ يَأْتُوا بِأَرْبَعَةِ شُهَدَاءَ فَاجْلِدُوهُمْ ثَمَانِينَ جَلْدَةً وَلَا تَقْبَلُوا لَهُمْ شَهَادَةً أَبَدًا ۚ وَأُولَـٰئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ
4/Ceux qui portent des accusations[906] contre des femmes chastes, sans produire quatre témoins confirmant leurs dires, se verront infliger quatre-vingts coups de fouet, tandis que leur témoignage ne sera plus jamais admis. Voilà ceux qui ont désobéi à Allah.
[906] De fornication ou d’adultère.
إِلَّا الَّذِينَ تَابُوا مِن بَعْدِ ذَٰلِكَ وَأَصْلَحُوا فَإِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
5/Quant à ceux qui se repentent et s’amendent par la suite, qu’ils sachent qu’Allah est Très Clément et Très Miséricordieux[907].
[907] Après son repentir, affirme la majorité des savants de l’islam, il ne doit plus être considéré comme un pécheur qui a désobéi à Allah (Fâsiq). Son témoignage peut de nouveau être accepté.
وَالَّذِينَ يَرْمُونَ أَزْوَاجَهُمْ وَلَمْ يَكُن لَّهُمْ شُهَدَاءُ إِلَّا أَنفُسُهُمْ فَشَهَادَةُ أَحَدِهِمْ أَرْبَعُ شَهَادَاتٍ بِاللَّهِ ۙ إِنَّهُ لَمِنَ الصَّادِقِينَ
6/L’homme qui accuse son épouse d’adultère, sans avoir d’autres témoins que lui-même, devra attester quatre fois par Allah qu’il dit la vérité[908].
[908] Pour échapper à la peine décrite au verset 4.
وَالْخَامِسَةُ أَنَّ لَعْنَتَ اللَّهِ عَلَيْهِ إِن كَانَ مِنَ الْكَاذِبِينَ
7/Il devra ensuite, par une cinquième formule, appeler la malédiction d’Allah sur lui s’il ment.
وَيَدْرَأُ عَنْهَا الْعَذَابَ أَن تَشْهَدَ أَرْبَعَ شَهَادَاتٍ بِاللَّهِ ۙ إِنَّهُ لَمِنَ الْكَاذِبِينَ
8/La femme accusée ne pourra alors échapper à la peine légale que si elle jure quatre fois par Allah que son mari a menti.
وَالْخَامِسَةَ أَنَّ غَضَبَ اللَّهِ عَلَيْهَا إِن كَانَ مِنَ الصَّادِقِينَ
9/Elle devra ensuite, par une cinquième formule, appeler la colère d’Allah sur elle si celui-ci dit la vérité.
وَلَوْلَا فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ وَأَنَّ اللَّهَ تَوَّابٌ حَكِيمٌ
10/Sans les faveurs et la grâce d’Allah envers vous, vous auriez subi Ses rigueurs. Mais votre Seigneur, d’une sagesse infinie, accueille sans cesse le repentir de Ses serviteurs.
إِنَّ الَّذِينَ جَاءُوا بِالْإِفْكِ عُصْبَةٌ مِّنكُمْ ۚ لَا تَحْسَبُوهُ شَرًّا لَّكُم ۖ بَلْ هُوَ خَيْرٌ لَّكُمْ ۚ لِكُلِّ امْرِئٍ مِّنْهُم مَّا اكْتَسَبَ مِنَ الْإِثْمِ ۚ وَالَّذِي تَوَلَّىٰ كِبْرَهُ مِنْهُمْ لَهُ عَذَابٌ عَظِيمٌ
11/A l’origine de cette calomnie se trouve un groupe d’entre vous[909]. Ne pensez pas que ces événements puissent vous nuire. Ils auront au contraire, pour vous, d’heureux effets. Chacun des coupables devra assumer sa part du forfait. Quant au principal responsable[910], il sera sévèrement châtié.
[909] Les dix versets qui suivent furent révélés au sujet de la calomnie lancée par les hypocrites contre ‘Aïchah, l’épouse du Prophète. [910] Celui qui a lancé la rumeur ou qui a le plus activement participé à sa propagation, ‘Abdoullah ibn Oubayy ibn Saloul, chef des hypocrites de Médine, selon la majorité des exégètes.
لَّوْلَا إِذْ سَمِعْتُمُوهُ ظَنَّ الْمُؤْمِنُونَ وَالْمُؤْمِنَاتُ بِأَنفُسِهِمْ خَيْرًا وَقَالُوا هَـٰذَا إِفْكٌ مُّبِينٌ
12/Si seulement, lorsqu’ils ont entendu ces rumeurs, les croyants et les croyantes avaient eu une meilleure opinion de leurs coreligionnaires et avaient dit : « Il s’agit de toute évidence d’une calomnie. »
لَّوْلَا جَاءُوا عَلَيْهِ بِأَرْبَعَةِ شُهَدَاءَ ۚ فَإِذْ لَمْ يَأْتُوا بِالشُّهَدَاءِ فَأُولَـٰئِكَ عِندَ اللَّهِ هُمُ الْكَاذِبُونَ
13/Que n’ont-ils produit quatre témoins à l’appui de leurs accusations ? Puisqu’ils n’ont pas présenté de témoins, alors ce sont, selon le jugement d’Allah, des menteurs.
وَلَوْلَا فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ فِي الدُّنْيَا وَالْآخِرَةِ لَمَسَّكُمْ فِي مَا أَفَضْتُمْ فِيهِ عَذَابٌ عَظِيمٌ
14/Sans les faveurs et la grâce d’Allah envers vous ici-bas et dans l’au-delà, un terrible châtiment vous aurait été infligé pour avoir propagé ces rumeurs.
إِذْ تَلَقَّوْنَهُ بِأَلْسِنَتِكُمْ وَتَقُولُونَ بِأَفْوَاهِكُم مَّا لَيْسَ لَكُم بِهِ عِلْمٌ وَتَحْسَبُونَهُ هَيِّنًا وَهُوَ عِندَ اللَّهِ عَظِيمٌ
15/Vous colportiez cette nouvelle sans vous être assurés de sa véracité, pensant que cela était sans gravité alors que, pour Allah, une telle conduite est une infamie.
وَلَوْلَا إِذْ سَمِعْتُمُوهُ قُلْتُم مَّا يَكُونُ لَنَا أَن نَّتَكَلَّمَ بِهَـٰذَا سُبْحَانَكَ هَـٰذَا بُهْتَانٌ عَظِيمٌ
16/Si seulement, en l’entendant, vous aviez dit : « Nous n’avons pas à en parler. Gloire à Allah ! Il s’agit là d’une odieuse calomnie ! »
يَعِظُكُمُ اللَّهُ أَن تَعُودُوا لِمِثْلِهِ أَبَدًا إِن كُنتُم مُّؤْمِنِينَ
17/Allah vous exhorte, si vous êtes croyants, à ne plus jamais vous comporter ainsi.
وَيُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمُ الْآيَاتِ ۚ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ
18/Allah vous expose clairement Ses enseignements. Il est Omniscient et d’une sagesse infinie.
إِنَّ الَّذِينَ يُحِبُّونَ أَن تَشِيعَ الْفَاحِشَةُ فِي الَّذِينَ آمَنُوا لَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ فِي الدُّنْيَا وَالْآخِرَةِ ۚ وَاللَّهُ يَعْلَمُ وَأَنتُمْ لَا تَعْلَمُونَ
19/Ceux qui aiment voir se propager le vice parmi les croyants subiront un douloureux châtiment ici-bas et dans l’au-delà. Allah sait, tandis que vous, vous ne savez pas.
وَلَوْلَا فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ وَأَنَّ اللَّهَ رَءُوفٌ رَّحِيمٌ
20/N’eût été la grâce d’Allah envers vous, Il vous aurait châtiés. Mais Il est toute bonté et toute miséricorde.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَّبِعُوا خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ ۚ وَمَن يَتَّبِعْ خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ فَإِنَّهُ يَأْمُرُ بِالْفَحْشَاءِ وَالْمُنكَرِ ۚ وَلَوْلَا فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ مَا زَكَىٰ مِنكُم مِّنْ أَحَدٍ أَبَدًا وَلَـٰكِنَّ اللَّهَ يُزَكِّي مَن يَشَاءُ ۗ وَاللَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ
21/Vous qui croyez ! Gardez-vous de suivre les suggestions de Satan. Que celui qui serait tenté de suivre les suggestions de Satan sache que ce dernier incite les hommes à commettre des actes abominables et condamnables. Sans la grâce d’Allah, nul d’entre vous ne serait pur. Mais Allah, par un effet de Sa miséricorde, rend pur qui Il veut. Allah entend tout et sait tout.
وَلَا يَأْتَلِ أُولُو الْفَضْلِ مِنكُمْ وَالسَّعَةِ أَن يُؤْتُوا أُولِي الْقُرْبَىٰ وَالْمَسَاكِينَ وَالْمُهَاجِرِينَ فِي سَبِيلِ اللَّهِ ۖ وَلْيَعْفُوا وَلْيَصْفَحُوا ۗ أَلَا تُحِبُّونَ أَن يَغْفِرَ اللَّهُ لَكُمْ ۗ وَاللَّهُ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
22/Que ceux d’entre vous qui vivent dans l’abondance et l’aisance ne jurent pas de ne plus pourvoir aux besoins de leurs proches démunis qui ont émigré pour Allah. Qu’ils pardonnent au contraire et se montrent indulgents. Ne désirez-vous pas vous-mêmes qu’Allah vous accorde Son pardon ? Allah est Très Clément et Très Miséricordieux[911].
[911] Ce verset, expliquent les exégètes, fut révélé au sujet d’Abou Bakr, le père de ‘Aïchah, qui jura de cesser de pourvoir aux besoins de l’un de ses proches parents auquel il reprochait d’avoir répandu la calomnie.
إِنَّ الَّذِينَ يَرْمُونَ الْمُحْصَنَاتِ الْغَافِلَاتِ الْمُؤْمِنَاتِ لُعِنُوا فِي الدُّنْيَا وَالْآخِرَةِ وَلَهُمْ عَذَابٌ عَظِيمٌ
23/Ceux qui portent des accusations contre les croyantes chastes et innocentes sont maudits ici-bas et dans l’au-delà, où un terrible châtiment les attend,
يَوْمَ تَشْهَدُ عَلَيْهِمْ أَلْسِنَتُهُمْ وَأَيْدِيهِمْ وَأَرْجُلُهُم بِمَا كَانُوا يَعْمَلُونَ
24/le Jour où leurs langues, leurs mains et leurs pieds témoigneront contre eux de leurs agissements.
يَوْمَئِذٍ يُوَفِّيهِمُ اللَّهُ دِينَهُمُ الْحَقَّ وَيَعْلَمُونَ أَنَّ اللَّهَ هُوَ الْحَقُّ الْمُبِينُ
25/Ce Jour-là, Allah leur donnera leur pleine et juste rétribution. Ils sauront alors qu’Allah est la véritable divinité et qu’Il est toute justice.
الْخَبِيثَاتُ لِلْخَبِيثِينَ وَالْخَبِيثُونَ لِلْخَبِيثَاتِ ۖ وَالطَّيِّبَاتُ لِلطَّيِّبِينَ وَالطَّيِّبُونَ لِلطَّيِّبَاتِ ۚ أُولَـٰئِكَ مُبَرَّءُونَ مِمَّا يَقُولُونَ ۖ لَهُم مَّغْفِرَةٌ وَرِزْقٌ كَرِيمٌ
26/Les femmes mauvaises conviennent aux hommes mauvais et les hommes mauvais aux femmes mauvaises. A l’inverse, les femmes vertueuses conviennent aux hommes vertueux et les hommes vertueux aux femmes vertueuses[912]. Ces derniers sont innocents des accusations calomnieuses portées contre eux. Ils obtiendront le pardon de leurs péchés et des dons généreux.
[912] Allah n’aurait pu donc accorder à Son Messager ‘Aïchah comme épouse si celle-ci n’avait pas été vertueuse. Autre sens possible : les mauvaises paroles conviennent aux hommes mauvais qui sont enclins à prononcer de telles paroles, alors que les bonnes paroles conviennent aux hommes vertueux qui sont enclins à prononcer de telles paroles. Autrement dit : les hypocrites étaient plus enclins que quiconque à accuser ‘Aïchah.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَدْخُلُوا بُيُوتًا غَيْرَ بُيُوتِكُمْ حَتَّىٰ تَسْتَأْنِسُوا وَتُسَلِّمُوا عَلَىٰ أَهْلِهَا ۚ ذَٰلِكُمْ خَيْرٌ لَّكُمْ لَعَلَّكُمْ تَذَكَّرُونَ
27/Vous qui croyez ! Gardez-vous de pénétrer dans des maisons qui ne sont pas les vôtres avant d’en avoir demandé la permission et d’en avoir salué les occupants. Voilà qui est préférable pour vous. Peut-être saurez-vous vous en souvenir !
فَإِن لَّمْ تَجِدُوا فِيهَا أَحَدًا فَلَا تَدْخُلُوهَا حَتَّىٰ يُؤْذَنَ لَكُمْ ۖ وَإِن قِيلَ لَكُمُ ارْجِعُوا فَارْجِعُوا ۖ هُوَ أَزْكَىٰ لَكُمْ ۚ وَاللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ عَلِيمٌ
28/Si vous n’y trouvez personne, n’y entrez pas tant que vous n’y êtes pas autorisés. Et s’il vous est demandé de vous retirer, alors exécutez-vous. Voilà une attitude plus digne. Allah sait parfaitement ce que vous faites.
لَّيْسَ عَلَيْكُمْ جُنَاحٌ أَن تَدْخُلُوا بُيُوتًا غَيْرَ مَسْكُونَةٍ فِيهَا مَتَاعٌ لَّكُمْ ۚ وَاللَّهُ يَعْلَمُ مَا تُبْدُونَ وَمَا تَكْتُمُونَ
29/Vous ne commettez toutefois aucun péché si, parce que vous en ressentez l’utilité, vous pénétrez dans des lieux inhabités. Allah sait ce que vous dissimulez comme ce que vous exprimez.
قُل لِّلْمُؤْمِنِينَ يَغُضُّوا مِنْ أَبْصَارِهِمْ وَيَحْفَظُوا فُرُوجَهُمْ ۚ ذَٰلِكَ أَزْكَىٰ لَهُمْ ۗ إِنَّ اللَّهَ خَبِيرٌ بِمَا يَصْنَعُونَ
30/Dis aux croyants de baisser leur regard[913], de préserver leur chasteté et de dissimuler leurs parties intimes. Voilà qui rendra leurs cœurs plus purs. Allah est parfaitement informé de ce qu’ils font.
[913] En présence de ce qu’il leur est interdit de regarder, comme les femmes.
وَقُل لِّلْمُؤْمِنَاتِ يَغْضُضْنَ مِنْ أَبْصَارِهِنَّ وَيَحْفَظْنَ فُرُوجَهُنَّ وَلَا يُبْدِينَ زِينَتَهُنَّ إِلَّا مَا ظَهَرَ مِنْهَا ۖ وَلْيَضْرِبْنَ بِخُمُرِهِنَّ عَلَىٰ جُيُوبِهِنَّ ۖ وَلَا يُبْدِينَ زِينَتَهُنَّ إِلَّا لِبُعُولَتِهِنَّ أَوْ آبَائِهِنَّ أَوْ آبَاءِ بُعُولَتِهِنَّ أَوْ أَبْنَائِهِنَّ أَوْ أَبْنَاءِ بُعُولَتِهِنَّ أَوْ إِخْوَانِهِنَّ أَوْ بَنِي إِخْوَانِهِنَّ أَوْ بَنِي أَخَوَاتِهِنَّ أَوْ نِسَائِهِنَّ أَوْ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُنَّ أَوِ التَّابِعِينَ غَيْرِ أُولِي الْإِرْبَةِ مِنَ الرِّجَالِ أَوِ الطِّفْلِ الَّذِينَ لَمْ يَظْهَرُوا عَلَىٰ عَوْرَاتِ النِّسَاءِ ۖ وَلَا يَضْرِبْنَ بِأَرْجُلِهِنَّ لِيُعْلَمَ مَا يُخْفِينَ مِن زِينَتِهِنَّ ۚ وَتُوبُوا إِلَى اللَّهِ جَمِيعًا أَيُّهَ الْمُؤْمِنُونَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ
31/Dis de même aux croyantes de baisser leur regard, de préserver leur chasteté et de ne montrer de leurs charmes que ce qui en paraît[914]. Qu’elles rabattent leur voile sur leur poitrine et qu’elles veillent à ne dévoiler leurs charmes[915] qu’à leurs époux, leurs pères, les pères de leurs époux, leurs fils, les fils de leurs époux, leurs frères, leurs neveux, les autres femmes[916], leurs esclaves[917], leurs serviteurs sans désirs pour les femmes et les enfants qui ignorent encore tout de l’intimité des femmes. Et qu’elles se gardent de frapper le sol de leurs pieds[918], voulant ainsi dévoiler leurs parures cachées[919]. Revenez tous à Allah, ô croyants, dans l’espoir de faire votre bonheur et votre salut.
[914] Le visage et les mains, selon certains exégètes, ou simplement leurs vêtements, selon d’autres pour qui ces paroles signifient donc : « que ce qui ne peut être tenu caché », c’est-à-dire, le grand voile qui recouvre l’ensemble du corps. Ces derniers considèrent donc que la femme doit couvrir son corps entièrement et ne laisser paraître que ses vêtements. [915] Selon certains exégètes, cette expression, où le mot « charme » prend un sens plus large, signifie qu’elles ne peuvent retirer le voile (Khimâr) et le grand voile (Jilbâb), laissant donc paraître leurs cheveux et leurs bras par exemple, que devant les hommes qui vont être mentionnés tout en demeurant pudiques devant ces derniers, exception faite de leurs maris devant lesquels elles peuvent entièrement se dénuder. [916] Musulmanes, précisent nombre de commentateurs. [917] De sexe féminin, précisent certains commentateurs. [918] En marchant. [919] Comme les chaînettes que les femmes portaient alors aux pieds et dont elles voulaient ainsi faire entendre le son.
وَأَنكِحُوا الْأَيَامَىٰ مِنكُمْ وَالصَّالِحِينَ مِنْ عِبَادِكُمْ وَإِمَائِكُمْ ۚ إِن يَكُونُوا فُقَرَاءَ يُغْنِهِمُ اللَّهُ مِن فَضْلِهِ ۗ وَاللَّهُ وَاسِعٌ عَلِيمٌ
32/Mariez ceux d’entre vous[920] qui sont sans conjoints ainsi que vos esclaves, hommes ou femmes, qui sont vertueux[921]. S’ils sont pauvres, Allah pourvoira par Sa grâce à leurs besoins. Les faveurs et la science d’Allah sont infinies.
[920] Parmi les hommes et les femmes libres. [921] Ou : aptes au mariage.
وَلْيَسْتَعْفِفِ الَّذِينَ لَا يَجِدُونَ نِكَاحًا حَتَّىٰ يُغْنِيَهُمُ اللَّهُ مِن فَضْلِهِ ۗ وَالَّذِينَ يَبْتَغُونَ الْكِتَابَ مِمَّا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ فَكَاتِبُوهُمْ إِنْ عَلِمْتُمْ فِيهِمْ خَيْرًا ۖ وَآتُوهُم مِّن مَّالِ اللَّهِ الَّذِي آتَاكُمْ ۚ وَلَا تُكْرِهُوا فَتَيَاتِكُمْ عَلَى الْبِغَاءِ إِنْ أَرَدْنَ تَحَصُّنًا لِّتَبْتَغُوا عَرَضَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا ۚ وَمَن يُكْرِههُّنَّ فَإِنَّ اللَّهَ مِن بَعْدِ إِكْرَاهِهِنَّ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
33/Que ceux qui ne trouvent pas les moyens de se marier vivent dans l’abstinence jusqu’à ce qu’Allah, par Sa grâce, pourvoie à leurs besoins. Etablissez avec ceux de vos esclaves qui le réclament un contrat d’affranchissement[922], si vous les en jugez dignes[923]. Et accordez-leur une partie des biens qu’Allah vous a dispensés[924]. Ne contraignez pas, par appât du gain, vos esclaves à faire commerce de leurs charmes alors qu’elles désirent demeurer chastes. Que celles qui le font sous la contrainte sachent qu’Allah leur accordera pardon et miséricorde.
[922] Par lequel l’esclave s’engage à payer le prix de sa liberté contre une somme convenue qu’il versera à son maître sur une période déterminée. [923] Si vous les jugez dignes de confiance ou capables de réunir la somme convenue. [924] Afin de les aider à acquitter la somme convenue et à racheter leur liberté.
وَلَقَدْ أَنزَلْنَا إِلَيْكُمْ آيَاتٍ مُّبَيِّنَاتٍ وَمَثَلًا مِّنَ الَّذِينَ خَلَوْا مِن قَبْلِكُمْ وَمَوْعِظَةً لِّلْمُتَّقِينَ
34/Nous vous avons, en vérité, révélé des versets d’une grande clarté, renfermant les récits édifiants des nations du passé et une exhortation pour les croyants remplis de piété.
اللَّهُ نُورُ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ ۚ مَثَلُ نُورِهِ كَمِشْكَاةٍ فِيهَا مِصْبَاحٌ ۖ الْمِصْبَاحُ فِي زُجَاجَةٍ ۖ الزُّجَاجَةُ كَأَنَّهَا كَوْكَبٌ دُرِّيٌّ يُوقَدُ مِن شَجَرَةٍ مُّبَارَكَةٍ زَيْتُونَةٍ لَّا شَرْقِيَّةٍ وَلَا غَرْبِيَّةٍ يَكَادُ زَيْتُهَا يُضِيءُ وَلَوْ لَمْ تَمْسَسْهُ نَارٌ ۚ نُّورٌ عَلَىٰ نُورٍ ۗ يَهْدِي اللَّهُ لِنُورِهِ مَن يَشَاءُ ۚ وَيَضْرِبُ اللَّهُ الْأَمْثَالَ لِلنَّاسِ ۗ وَاللَّهُ بِكُلِّ شَيْءٍ عَلِيمٌ
35/Allah est la lumière des cieux et de la terre[925]. Sa lumière[926] est à l’image de la lumière émise par une chandelle placée dans une niche[927]. La chandelle, à l’intérieur d’un cristal ayant l’éclat d’un astre lumineux, est alimentée par une huile tirée d’un arbre béni, un olivier exposé au soleil matin et soir[928], une huile qui éclaire sans même entrer en contact avec le feu[929]. La lumière produite par la chandelle est ainsi démultipliée[930]. Allah guide qui Il veut vers Sa lumière. Allah, dont la science est infinie, propose ainsi des paraboles aux hommes.
[925] C’est-à-dire, selon certains exégètes, Celui qui guide les habitants des cieux et de la terre. [926] La foi ou le Coran dans le cœur du croyant, selon certains exégètes. [927] Enfoncement pratiqué dans un mur. [928] Littéralement : ni oriental, ni occidental. [929] Tant elle est limpide et éclatante. [930] Par la niche, le cristal et l’huile d’une parfaite pureté.
فِي بُيُوتٍ أَذِنَ اللَّهُ أَن تُرْفَعَ وَيُذْكَرَ فِيهَا اسْمُهُ يُسَبِّحُ لَهُ فِيهَا بِالْغُدُوِّ وَالْآصَالِ
36/Dans des temples[931] qu’Allah a permis d’élever afin que Son nom y soit invoqué, Lui rendent gloire matin et soir
[931] Les mosquées, selon la majorité des exégètes.
رِجَالٌ لَّا تُلْهِيهِمْ تِجَارَةٌ وَلَا بَيْعٌ عَن ذِكْرِ اللَّهِ وَإِقَامِ الصَّلَاةِ وَإِيتَاءِ الزَّكَاةِ ۙ يَخَافُونَ يَوْمًا تَتَقَلَّبُ فِيهِ الْقُلُوبُ وَالْأَبْصَارُ
37/des hommes que ni négoce, ni transaction ne saurait détourner de l’invocation d’Allah, de l’accomplissement de la prière et du versement de l’aumône, et qui redoutent le Jour où les cœurs et les regards seront bouleversés de terreur,
لِيَجْزِيَهُمُ اللَّهُ أَحْسَنَ مَا عَمِلُوا وَيَزِيدَهُم مِّن فَضْلِهِ ۗ وَاللَّهُ يَرْزُقُ مَن يَشَاءُ بِغَيْرِ حِسَابٍ
38/des hommes qu’Allah récompensera de la manière la plus généreuse pour leurs bonnes œuvres, tout en leur ajoutant de Ses faveurs. Allah dispense sans compter Ses bienfaits à qui Il veut.
وَالَّذِينَ كَفَرُوا أَعْمَالُهُمْ كَسَرَابٍ بِقِيعَةٍ يَحْسَبُهُ الظَّمْآنُ مَاءً حَتَّىٰ إِذَا جَاءَهُ لَمْ يَجِدْهُ شَيْئًا وَوَجَدَ اللَّهَ عِندَهُ فَوَفَّاهُ حِسَابَهُ ۗ وَاللَّهُ سَرِيعُ الْحِسَابِ
39/Quant aux œuvres des impies, elles sont à l’image d’un mirage dans une plaine qu’un assoiffé prend pour de l’eau. Mais quand il y parvient, il ne trouve absolument rien[932]. C’est Allah, au contraire, qu’il trouvera[933] et qui le rétribuera pleinement pour ses œuvres. Allah est prompt dans Ses comptes.
[932] De même, le mécréant est persuadé que ses œuvres sont valables. Mais quand, le Jour de la résurrection, il comparaîtra devant Allah qui fera le compte de ses œuvres, il s’apercevra que ses bonnes actions n’auront pas été acceptées, soit qu’elles n’étaient pas vouées exclusivement à Allah, soit qu’elles n’étaient pas conformes à Sa loi (Tafsîr ibn Kathîr). [933] Auprès de ses œuvres, le Jour du jugement.
أَوْ كَظُلُمَاتٍ فِي بَحْرٍ لُّجِّيٍّ يَغْشَاهُ مَوْجٌ مِّن فَوْقِهِ مَوْجٌ مِّن فَوْقِهِ سَحَابٌ ۚ ظُلُمَاتٌ بَعْضُهَا فَوْقَ بَعْضٍ إِذَا أَخْرَجَ يَدَهُ لَمْ يَكَدْ يَرَاهَا ۗ وَمَن لَّمْ يَجْعَلِ اللَّهُ لَهُ نُورًا فَمَا لَهُ مِن نُّورٍ
40/Les ténèbres dans lesquelles vivent les impies sont comparables aux ténèbres qui règnent dans les profondeurs d’une mer agitée de vagues se chevauchant sous un ciel obscurci par les nuages. Ces ténèbres, accumulées les unes au-dessus des autres, sont si profondes que celui qui y tendrait la main aurait toutes les peines du monde à la distinguer. Quiconque est privé de lumière par Allah ne saurait trouver la lumière.
أَلَمْ تَرَ أَنَّ اللَّهَ يُسَبِّحُ لَهُ مَن فِي السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ وَالطَّيْرُ صَافَّاتٍ ۖ كُلٌّ قَدْ عَلِمَ صَلَاتَهُ وَتَسْبِيحَهُ ۗ وَاللَّهُ عَلِيمٌ بِمَا يَفْعَلُونَ
41/Ne vois-tu pas que tous les êtres peuplant les cieux et la terre célèbrent la gloire d’Allah, de même que les oiseaux déployant leurs ailes dans les airs ? Chacun sait Le prier et Le glorifier à sa manière[934]. Allah connaît parfaitement leur façon d’agir.
[934] Autre sens : Allah sait la manière dont chacun Le prie et Le glorifie.
وَلِلَّهِ مُلْكُ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ ۖ وَإِلَى اللَّهِ الْمَصِيرُ
42/Allah règne en Maître absolu sur les cieux et la terre, et c’est à Lui que tout fera retour.
أَلَمْ تَرَ أَنَّ اللَّهَ يُزْجِي سَحَابًا ثُمَّ يُؤَلِّفُ بَيْنَهُ ثُمَّ يَجْعَلُهُ رُكَامًا فَتَرَى الْوَدْقَ يَخْرُجُ مِنْ خِلَالِهِ وَيُنَزِّلُ مِنَ السَّمَاءِ مِن جِبَالٍ فِيهَا مِن بَرَدٍ فَيُصِيبُ بِهِ مَن يَشَاءُ وَيَصْرِفُهُ عَن مَّن يَشَاءُ ۖ يَكَادُ سَنَا بَرْقِهِ يَذْهَبُ بِالْأَبْصَارِ
43/Ne vois-tu pas qu’Allah pousse les nuages, puis les amoncelle petit à petit pour en faire d’immenses amas[935] ? Tu peux alors voir la pluie sortir de leur sein. De nuages à l’image de montagnes[936], Il fait descendre la grêle dont Il atteint qui Il veut et dont Il préserve qui Il veut. La lueur éblouissante de l’éclair manque alors d’emporter la vue de ceux qui le suivent du regard.
[935] On pense immédiatement aux altocumulus, cirrocumulus, cumulonimbus et autres cumulostratus, noms de différents types de nuages formés sur la racine « cumulus », mot latin signifiant « amas ». [936] Par leur taille et leur forme.
يُقَلِّبُ اللَّهُ اللَّيْلَ وَالنَّهَارَ ۚ إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَعِبْرَةً لِّأُولِي الْأَبْصَارِ
44/Allah fait alterner le jour et la nuit. Voilà bien une preuve de Sa toute-puissance pour des esprits pleins de clairvoyance.
وَاللَّهُ خَلَقَ كُلَّ دَابَّةٍ مِّن مَّاءٍ ۖ فَمِنْهُم مَّن يَمْشِي عَلَىٰ بَطْنِهِ وَمِنْهُم مَّن يَمْشِي عَلَىٰ رِجْلَيْنِ وَمِنْهُم مَّن يَمْشِي عَلَىٰ أَرْبَعٍ ۚ يَخْلُقُ اللَّهُ مَا يَشَاءُ ۚ إِنَّ اللَّهَ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ
45/Allah a créé tous les animaux à partir de l’eau. Il en est qui rampent, d’autres qui marchent sur deux pieds et d’autres enfin qui se déplacent sur quatre pattes[937]. Allah, qui a pouvoir sur toute chose, crée ce qu’Il veut.
[937] A l’image, respectivement, des reptiles, des hommes et des bestiaux.
لَّقَدْ أَنزَلْنَا آيَاتٍ مُّبَيِّنَاتٍ ۚ وَاللَّهُ يَهْدِي مَن يَشَاءُ إِلَىٰ صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ
46/Nous avons, en vérité, révélé des versets d’une grande clarté. Allah met cependant qui Il veut sur le droit chemin.
وَيَقُولُونَ آمَنَّا بِاللَّهِ وَبِالرَّسُولِ وَأَطَعْنَا ثُمَّ يَتَوَلَّىٰ فَرِيقٌ مِّنْهُم مِّن بَعْدِ ذَٰلِكَ ۚ وَمَا أُولَـٰئِكَ بِالْمُؤْمِنِينَ
47/Les hypocrites prétendent croire en Allah et au Messager et jurent obéissance. Mais une partie d’entre eux se détourne ensuite. Non, ces gens-là ne sont pas croyants.
وَإِذَا دُعُوا إِلَى اللَّهِ وَرَسُولِهِ لِيَحْكُمَ بَيْنَهُمْ إِذَا فَرِيقٌ مِّنْهُم مُّعْرِضُونَ
48/Exhortés à soumettre leurs différends à la loi d’Allah et au jugement de Son Messager, voilà qu’une partie d’entre eux s’y refuse.
وَإِن يَكُن لَّهُمُ الْحَقُّ يَأْتُوا إِلَيْهِ مُذْعِنِينَ
49/Si, en revanche, ils ont le droit pour eux, ils s’empressent vers lui, prêts à se soumettre à sa décision.
أَفِي قُلُوبِهِم مَّرَضٌ أَمِ ارْتَابُوا أَمْ يَخَافُونَ أَن يَحِيفَ اللَّهُ عَلَيْهِمْ وَرَسُولُهُ ۚ بَلْ أُولَـٰئِكَ هُمُ الظَّالِمُونَ
50/Leurs cœurs sont-ils malades ? Ou bien ont-ils des doutes ? Ou alors appréhendent-ils d’être lésés par Allah et Son Messager ? Non, ce sont eux, en réalité, qui sont injustes.
إِنَّمَا كَانَ قَوْلَ الْمُؤْمِنِينَ إِذَا دُعُوا إِلَى اللَّهِ وَرَسُولِهِ لِيَحْكُمَ بَيْنَهُمْ أَن يَقُولُوا سَمِعْنَا وَأَطَعْنَا ۚ وَأُولَـٰئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ
51/A l’inverse, lorsque les croyants sont invités à soumettre leurs différends à la loi d’Allah et au jugement de Son Messager, ils se contentent de dire : « Nous avons entendu et obéissons. » Voilà les bienheureux.
وَمَن يُطِعِ اللَّهَ وَرَسُولَهُ وَيَخْشَ اللَّهَ وَيَتَّقْهِ فَأُولَـٰئِكَ هُمُ الْفَائِزُونَ
52/Ceux qui obéissent à Allah et à Son Messager, qui redoutent le Seigneur et Le craignent, voilà ceux qui ont gagné leur salut.
وَأَقْسَمُوا بِاللَّهِ جَهْدَ أَيْمَانِهِمْ لَئِنْ أَمَرْتَهُمْ لَيَخْرُجُنَّ ۖ قُل لَّا تُقْسِمُوا ۖ طَاعَةٌ مَّعْرُوفَةٌ ۚ إِنَّ اللَّهَ خَبِيرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ
53/Ils jurent par Allah de toutes leurs forces que si tu leur en donnais l’ordre, ils partiraient au combat. Dis : « Cessez de jurer ! Chacun sait ce que vaut votre obéissance[938]. Allah est parfaitement informé de vos agissements. »
[938] Il est de notoriété publique que votre obéissance se limite à des paroles jamais suivies d’actes.
قُلْ أَطِيعُوا اللَّهَ وَأَطِيعُوا الرَّسُولَ ۖ فَإِن تَوَلَّوْا فَإِنَّمَا عَلَيْهِ مَا حُمِّلَ وَعَلَيْكُم مَّا حُمِّلْتُمْ ۖ وَإِن تُطِيعُوهُ تَهْتَدُوا ۚ وَمَا عَلَى الرَّسُولِ إِلَّا الْبَلَاغُ الْمُبِينُ
54/Dis-leur : « Obéissez à Allah et obéissez au Messager. » Mais sachez, si vous vous détournez, que le Messager doit seulement remplir la mission qui lui a été confiée et vous, vous plier aux obligations qui vous ont été imposées. Si, en revanche, vous lui obéissez, vous suivrez le chemin de la vérité. Le Messager est uniquement chargé de transmettre le message en toute clarté.
وَعَدَ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا مِنكُمْ وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ لَيَسْتَخْلِفَنَّهُمْ فِي الْأَرْضِ كَمَا اسْتَخْلَفَ الَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ وَلَيُمَكِّنَنَّ لَهُمْ دِينَهُمُ الَّذِي ارْتَضَىٰ لَهُمْ وَلَيُبَدِّلَنَّهُم مِّن بَعْدِ خَوْفِهِمْ أَمْنًا ۚ يَعْبُدُونَنِي لَا يُشْرِكُونَ بِي شَيْئًا ۚ وَمَن كَفَرَ بَعْدَ ذَٰلِكَ فَأُولَـٰئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ
55/Allah promet à ceux d’entre vous qui croient et accomplissent de bonnes œuvres de leur faire hériter de l’autorité sur terre comme Il le fit avec leurs devanciers, de faire triompher la religion qu’Il a choisie pour eux et de remplacer leurs craintes par la sécurité. Et ce, tant qu’ils L’adoreront sans rien Lui associer. Quant à ceux qui renient la foi après cela, voilà ceux qui désobéissent à Allah.
وَأَقِيمُوا الصَّلَاةَ وَآتُوا الزَّكَاةَ وَأَطِيعُوا الرَّسُولَ لَعَلَّكُمْ تُرْحَمُونَ
56/Accomplissez la prière, acquittez-vous de l’aumône et obéissez au Messager, dans l’espoir d’être touchés par la grâce d’Allah.
لَا تَحْسَبَنَّ الَّذِينَ كَفَرُوا مُعْجِزِينَ فِي الْأَرْضِ ۚ وَمَأْوَاهُمُ النَّارُ ۖ وَلَبِئْسَ الْمَصِيرُ
57/Ne crois surtout pas que ceux qui ont rejeté la foi puissent échapper au châtiment d’Allah sur terre. Leur refuge sera l’Enfer. Et quelle infâme demeure !
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لِيَسْتَأْذِنكُمُ الَّذِينَ مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ وَالَّذِينَ لَمْ يَبْلُغُوا الْحُلُمَ مِنكُمْ ثَلَاثَ مَرَّاتٍ ۚ مِّن قَبْلِ صَلَاةِ الْفَجْرِ وَحِينَ تَضَعُونَ ثِيَابَكُم مِّنَ الظَّهِيرَةِ وَمِن بَعْدِ صَلَاةِ الْعِشَاءِ ۚ ثَلَاثُ عَوْرَاتٍ لَّكُمْ ۚ لَيْسَ عَلَيْكُمْ وَلَا عَلَيْهِمْ جُنَاحٌ بَعْدَهُنَّ ۚ طَوَّافُونَ عَلَيْكُم بَعْضُكُمْ عَلَىٰ بَعْضٍ ۚ كَذَٰلِكَ يُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمُ الْآيَاتِ ۗ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ
58/Vous qui croyez ! Que vos esclaves et vos enfants qui n’ont pas encore atteint la puberté demandent la permission d’entrer[939] à trois moments de la journée : avant la prière de l’aube, à midi, lorsque vous retirez vos habits[940], et après la prière de la nuit. Ce sont là trois moments d’intimité[941] en dehors desquels ils ne peuvent être blâmés, pas plus que vous, s’ils entrent sans votre autorisation, puisque, vivant sous le même toit, les uns sont amenés à aller et venir chez les autres. C’est ainsi qu’Allah vous expose clairement ces enseignements. Allah est Omniscient et infiniment Sage.
[939] Dans vos chambres. [940] Pour la sieste. [941] Où vous êtes amenés à vous déshabiller.
وَإِذَا بَلَغَ الْأَطْفَالُ مِنكُمُ الْحُلُمَ فَلْيَسْتَأْذِنُوا كَمَا اسْتَأْذَنَ الَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ ۚ كَذَٰلِكَ يُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمْ آيَاتِهِ ۗ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ
59/Lorsque vos enfants atteignent l’âge de la puberté, ils doivent, à l’image de leurs aînés, solliciter la permission d’entrer à tout moment de la journée. C’est ainsi qu’Allah vous expose clairement Ses enseignements. Allah est Omniscient et infiniment Sage.
وَالْقَوَاعِدُ مِنَ النِّسَاءِ اللَّاتِي لَا يَرْجُونَ نِكَاحًا فَلَيْسَ عَلَيْهِنَّ جُنَاحٌ أَن يَضَعْنَ ثِيَابَهُنَّ غَيْرَ مُتَبَرِّجَاتٍ بِزِينَةٍ ۖ وَأَن يَسْتَعْفِفْنَ خَيْرٌ لَّهُنَّ ۗ وَاللَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ
60/Les femmes en retour d’âge qui n’espèrent plus se marier peuvent, sans commettre de péché, retirer certains de leurs vêtements[942] sans pour autant exposer leurs charmes. Il est néanmoins préférable pour elles de conserver ces vêtements. Allah entend tout et sait tout.
[942] Leur grand voile, précisent certains exégètes.
لَّيْسَ عَلَى الْأَعْمَىٰ حَرَجٌ وَلَا عَلَى الْأَعْرَجِ حَرَجٌ وَلَا عَلَى الْمَرِيضِ حَرَجٌ وَلَا عَلَىٰ أَنفُسِكُمْ أَن تَأْكُلُوا مِن بُيُوتِكُمْ أَوْ بُيُوتِ آبَائِكُمْ أَوْ بُيُوتِ أُمَّهَاتِكُمْ أَوْ بُيُوتِ إِخْوَانِكُمْ أَوْ بُيُوتِ أَخَوَاتِكُمْ أَوْ بُيُوتِ أَعْمَامِكُمْ أَوْ بُيُوتِ عَمَّاتِكُمْ أَوْ بُيُوتِ أَخْوَالِكُمْ أَوْ بُيُوتِ خَالَاتِكُمْ أَوْ مَا مَلَكْتُم مَّفَاتِحَهُ أَوْ صَدِيقِكُمْ ۚ لَيْسَ عَلَيْكُمْ جُنَاحٌ أَن تَأْكُلُوا جَمِيعًا أَوْ أَشْتَاتًا ۚ فَإِذَا دَخَلْتُم بُيُوتًا فَسَلِّمُوا عَلَىٰ أَنفُسِكُمْ تَحِيَّةً مِّنْ عِندِ اللَّهِ مُبَارَكَةً طَيِّبَةً ۚ كَذَٰلِكَ يُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمُ الْآيَاتِ لَعَلَّكُمْ تَعْقِلُونَ
61/L’aveugle, le boiteux et le malade ne sauraient être blâmés[943], de même que vous ne sauriez être blâmés si vous mangez dans vos demeures[944], celles de vos pères, de vos mères, de vos frères, de vos sœurs, de vos oncles et tantes paternels, de vos oncles et tantes maternels, ainsi que dans les habitations dont les clefs vous ont été confiées ou celles de vos amis. Il ne vous sera pas non plus reproché de manger ensemble ou de manière séparée. Et lorsque vous pénétrez dans une maison, adressez-vous mutuellement les salutations bénies et aimables qu’Allah vous a enseignées. C’est ainsi qu’Allah vous expose clairement ces préceptes afin que vous les compreniez.
[943] Pour les obligations religieuses dont ils ne peuvent s’acquitter, précisent certains commentateurs. [944] C’est-à-dire, celles de vos enfants, expliquent certains exégètes.
إِنَّمَا الْمُؤْمِنُونَ الَّذِينَ آمَنُوا بِاللَّهِ وَرَسُولِهِ وَإِذَا كَانُوا مَعَهُ عَلَىٰ أَمْرٍ جَامِعٍ لَّمْ يَذْهَبُوا حَتَّىٰ يَسْتَأْذِنُوهُ ۚ إِنَّ الَّذِينَ يَسْتَأْذِنُونَكَ أُولَـٰئِكَ الَّذِينَ يُؤْمِنُونَ بِاللَّهِ وَرَسُولِهِ ۚ فَإِذَا اسْتَأْذَنُوكَ لِبَعْضِ شَأْنِهِمْ فَأْذَن لِّمَن شِئْتَ مِنْهُمْ وَاسْتَغْفِرْ لَهُمُ اللَّهَ ۚ إِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
62/Les vrais croyants sont ceux qui ont foi en Allah et en Son Messager et qui, lorsqu’une affaire d’intérêt général les a réunis autour de lui, ne se retirent jamais sans son autorisation. Ce sont ceux qui sollicitent ta permission qui croient vraiment en Allah et en Son Messager. Si donc ils prennent congé pour quelque affaire personnelle, tu pourras donner congé à qui tu voudras parmi eux, tout en implorant le pardon d’Allah en leur faveur. Allah est Très Clément et Très Miséricordieux.
لَّا تَجْعَلُوا دُعَاءَ الرَّسُولِ بَيْنَكُمْ كَدُعَاءِ بَعْضِكُم بَعْضًا ۚ قَدْ يَعْلَمُ اللَّهُ الَّذِينَ يَتَسَلَّلُونَ مِنكُمْ لِوَاذًا ۚ فَلْيَحْذَرِ الَّذِينَ يُخَالِفُونَ عَنْ أَمْرِهِ أَن تُصِيبَهُمْ فِتْنَةٌ أَوْ يُصِيبَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ
63/Ne considérez pas l’appel du Messager[945] comme un appel émanant de n’importe lequel d’entre vous[946]. Allah connaît parfaitement ceux d’entre vous qui se dérobent en se dissimulant les uns derrière les autres. Que ceux qui transgressent Ses ordres prennent garde, car ils pourraient subir une terrible épreuve ou un douloureux châtiment.
[945] A vous présenter à lui ou à vous rassembler autour de lui. [946] Autre sens : n’interpellez pas le Messager comme les uns peuvent interpeller les autres (mais avec le respect dû à son rang).
أَلَا إِنَّ لِلَّهِ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ ۖ قَدْ يَعْلَمُ مَا أَنتُمْ عَلَيْهِ وَيَوْمَ يُرْجَعُونَ إِلَيْهِ فَيُنَبِّئُهُم بِمَا عَمِلُوا ۗ وَاللَّهُ بِكُلِّ شَيْءٍ عَلِيمٌ
64/C’est à Allah, en vérité, qu’appartient tout ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre. Rien de ce qui concerne les hommes n’échappe au Seigneur qui, le Jour où ils seront ramenés à Lui, leur rappellera leurs œuvres. Allah a une parfaite connaissance de toute chose.